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chronique d'un néo-breton - Page 8

  • Chronique d'un néo-breton, episode 4 : Comment chercher un logement à 500 kilomètres de distance

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    Le parisien a décroché un travail en Bretagne, mais l’aventure ne fait que commencer : il va falloir l’avouer et point non négligeable, trouver un endroit où se loger…

     

    Instant délicat s’il en est, l’annonce de votre départ est plus difficile qu’il n’y paraît. Après tout, votre vie s’est construite depuis des années sur Paris, les amis, le travail, les loisirs, pour beaucoup la famille sont présents et bien présents. Dans un sentiment de fuite et de trahison sur le mode je vous laisse dans votre nuage de pollution et vos horizons bétonnés, vous devrez vous expliquer sur ce choix qui attirera sur vous incompréhension, jalousie, joie, mécontentement…Une palette de sentiment qui va permettre de juger de la qualité des liens que vous entreteniez avec la galaxie de vos connaissances mais également de vérifier que vous n’êtes pas en train de faire une erreur monumentale.


    En effet, il faut avoir à l’esprit que le départ programmé risque fort d’être un aller sans retour : le prix des logements, en Ile de France, continuera à monter en votre absence bien plus vite que la courbe de croissance de vos revenus. L’immobilier étant, ne le perdons pas de vue, souvent le facteur déclencheur du souhait de quitter Paris, à l’heure où la famille s’agrandit et que la vie dans un 40 m² à quatre devient difficile.


    Point positif, que vous soyez locataire ou propriétaire, vous allez gagner au change dans des proportions plus ou moins astronomiques suivant le lieu final de votre destination. Pour prendre l’exemple du locataire, pour le même loyer, les surfaces se dilatent, les pièces se multiplient, les terrasses et les jardins ne sont plus un mythe : c’est Byzance ! Cerise sur le gâteau, vous trouvez ces petites merveilles dans un rayon qui vous mettra, au pire, à quinze minutes de votre travail. Voilà réglé d’un coup deux questions, le logement et le transport. Rien n’interdit d’aller plus loin encore mais au prix du litre d’essence, c’est un choix un peu à contre-courant, pas très économique et certains diront un peu con. Je laisse ce dernier commentaire à l’appréciation du lecteur et à la responsabilité de ceux qui l’énoncent.


    Ça, c’est sur le papier. En pratique, vous découvrez que la Bretagne, ce n’est pas si près de Paris que cela, surtout si vous avez visé la rade de Brest ou le Pays Bigouden. Heureusement, pour trouvez le nid de vos nouvelles aventures, Internet pourra vous aider dans un premier temps. Vous aider à situer, noter, éliminer, sélectionner, vérifier qu’il y a bien un bistrot pas trop loin, des écoles, en un mot de la civilisation ou son absence, selon vos gouts ?!!!… Mais arrivera le moment où la visite sur place deviendra nécessaire pour ne pas dire indispensable. Celle qui permet de lever les lièvres, de vérifier les cadavres dans les placards telle qu’une humidité qui vous rappellera une cave de production de champignon de Paris, de juger que le propriétaire n’est pas un psychopathe intrusif, que le voisinage ne vous accueillera pas à coup de morsures de chiens, de jets de poubelles et autres joyeusetés qui n’aident pas à construire des rapports cordiaux...

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 3 : l'opportunité de quitter Paris

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    Le Parisien, déjà repoussé en banlieue depuis quelques années, doit, sous la pression immobilière, quitter son nid douillet s’il espère un quotidien agréable. Dans l’épisode précédent, il a évalué la vie en banlieue pas chère mais près de Paris et le mode de vie pavillonnaire aux limites de la région Ile de France…


    Devant ce choix entre la peste et le choléra, et n’ayant toujours pas gagné au loto auquel il oublie chaque fois de jouer, le Parisien se rappelle ce morceau de terre qu’il aime tant, mais qu’il ne connaît finalement qu’au travers de ses souvenirs de vacances : les chemins de douaniers, les festivals, la côte découpée et sauvage au soleil de l’été… Pour l’auteur de ces lignes, qui ne déroge pas à la règle, c’est la Bretagne qui lui est venue à l’esprit. D’ailleurs, le départ en province, il l’envisageait lorsque ses tempes seraient grisonnantes et son crâne dégarni mais la folie immobilière parisienne a été plus rapide que la chute capillaire.


    Cependant pour quitter Paris, bien que le ras le bol puisse être en lui-même suffisant, encore faut il qu’une opportunité se présente. Ou soit provoquée. Après avoir résolu un problème de taille si vous avez une petite famille à vos côtés : faire valider cette possibilité de changement de vie. Même si la technique dite du fait accompli a pu donner des résultats intéressants ici et là... Mais cette option implique une vision patriarchale, voire dictatoriale qui n’est pas du meilleur goût de nos jours, allez savoir pourquoi. Bref, après l’accord plus ou moins difficilement obtenu, l’opportunité est traquée : un emploi dans la ou les villes recherchées.

    Un premier constat s’impose : elles se comptent sur les doigts de la main ces fameuses opportunités. Le futur néo-breton se gratte la tête, il ne connaissait pas ce problème en région parisienne, où en cherchant sans trop se forcer, il pouvait trouver chaussure à son pied rapidement.

    Il a entendu parler de cette légende urbaine, sans trop y croire : en province, les gens s’accrochent à leur boulot jusqu’à la retraite, après avoir comme le parisien, trouvé la perle rare, un emploi plus ou moins sympa. Dès lors, les mouvements sont rares.

    La tache sera plus ardue, le bonheur en sera plus appréciable. La traque de l’emploi, une chasse exaltante pour atteindre le Graal d’une vie moins folle.


    La quête est plus ou moins longue, plus ou moins difficile. Question de secteur d’activité, de localisation géographique, d’un poil de chance et de prétentions salariales à la mesure de la nouvelle région que l’on vise. L’auteur de ces lignes a buté longtemps dans sa recherche d’un poste de PDG d’une entreprise du CAC 40, sur la presqu’île de Crozon, payé deux millions d’euros par an, voilier de fonction en plus. Aucune annonce n’est parue. Aucun courrier n’est revenu des candidatures spontanées courageusement envoyées. Sentiment bizarre d’être quelque peu incompris dans un monde en recherche perpétuelle d’un sens à la vie. Travailler les pieds dans l’eau a pourtant tout d’un programme qui pourrait largement soutenir la comparaison à ce que les partis vont pondre pour la présidentielle de 2012.


    Heureusement, un jour, l’opportunité se présente. Après une série d’entretiens, elle se concrétise. A partir de là, la terre s’ouvre sous vos pieds. Vous y êtes. Vous savez, cette croisée des chemins qui attire autant qu’elle fait peur. En un mot le changement est dans l’air du temps et la nature humaine, qui en a une sainte horreur va devoir se dépasser pour franchir le Rubicon.

    Mais les quelques aller-retour pour décrocher ce job vous ont définitivement conforté : arriver dans une ville et entendre les mouettes au sortir de la gare tout comme voir les voitures s’arrêter aux passages piétons ont inscrit dans votre esprit une fragrance de bonheur que la perte de salaire que vous allez subir volontairement devrait compenser au centuple. Comme le dit la pub, il y a des choses qui ne s’achètent pas. Sauf si vous aviez décroché ce boulot de PDG avec voilier de fonction. Mais on ne gagne pas à tous les coups.

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 2

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    Rappelez-vous, dans le premier épisode le parisien n’en pouvait plus de la Capitale et  avait besoin de changement sans avoir les moyens d’avoir un grand appartement sur les Champs-Elysées. Trois solutions s’offre à lui : la proche banlieue pas chère, le pavillon aux confins de la région ou l’expatriation en province.

    La première solution, pour séduisante qu’elle soit, présente quelques inconvénients : les écoles pour les enfants n’ont pas bonne réputation, les transports ne sont pas légions et ils sont vite bondés, au point de vous faire ressembler à une sardine en boîte en moins de deux, les tours et le béton amènent à la dépression, et puis aider les pauvres d’accord, mais vivre avec c’est autre chose…

    Pour ce qui est du pavillon avec jardin à Trifouillis Les Oies, comme ça sur le papier, ça semble déjà plus bucolique et attirant. De la surface habitable à ne plus savoir qu’en faire, un jardin pour les enfants, les grillades, pour les amateurs un chien, le tout pour le prix d’un F2 en proche banlieue de Paris. Mais très vite le carrosse se transforme en citrouille : le néo-rural se rend compte qu’il n’y a pas un boulot à moins d’une heure de voiture, il devra continuer à rejoindre Paris chaque matin, en voiture ou en transport. Et dans les deux cas, l’enfer s’ouvre sur la route de sa nouvelle vie.

    Avec la voiture, l’embouteillage et le prix du carburant auront rapidement raison de l’enthousiasme primaire qui animait l’heureux propriétaire de ce si charmant pavillon avec jardin. Il part lorsque le jour n’est pas encore levé et il rentre, en particulier lors de ces longs mois d’hiver, dans une sombre et glaciale atmosphère.

    Son jardin, il ne le voit que le weekend pour constater que la région parisienne, en dehors des limites de l’A86, c’est finalement très humide. Et durant les beaux jours il apprendra vite que c’est ensoleillé mais humide et que 1 000 m² de terrain à tondre, il aurait du y songer bien avant de sauter de joie naïvement à l’idée d’un retour à la terre. Quant au chien à sortir deux fois par jour, par tous les temps, cela devient rapidement la corvée sauf à le laisser divaguer dans les mille mètres carrés de jardin, constellant la pelouse d’un terreau naturel qui parait il lui portera chance s’il marche dessus.

    Au demeurant, ce qu’il a gagné en surface et en loyer, il le passe dans le réservoir de ses automobiles. Il est des jours où le banlieusard à quatre roues des fin fonds de la steppe envierait presque le banlieusard des transports. Sans savoir que celui-ci souffre aussi. Tout autant que lui. 
    Le parisien est particulièrement fier de son réseau de transport. Le métro, les bus, le vélib’, un système complexe qui permet de se passer de voiture. A condition de vivre à Paris, et de ne pas dépasser le périph’. Mais le parisien est casanier, il dépasse rarement la limite qui le fait passer hors du monde civilisé de la capitale, si ce n’est pour rejoindre la Bretagne, la Normandie ou le Sud-est pour le week-end. Quel choc pour lui de se retrouver dans un train de banlieue, un RER et de découvrir la folie des transports en commun. D’abord, rejoindre la plus proche gare : 10 kilomètres pour les plus chanceux. La voiture est donc encore de rigueur. Chaque train passant toutes les demi-heures au minimum, il sera fortement déconseillé de trainer plus qu’il ne faut le matin, après avoir sorti le chien, bien entendu. Avec de la chance, le train de 6h20 sera à l’heure (le réveil est matinal à la campagne) et déversera sa horde de travailleur une heure plus tard dans l’une des quatre gares qui font la fierté du parisien sur l’habitant de province, quatre gares terminus, le cœur de l’étoile ferroviaire part et se termine dans la capitale.

    De la gare, le grand banlieusard, non par sa taille mais par la distance qui le sépare de Paris, le grand banlieusard disions nous devra le plus souvent se faire une petite demi-heure de métro, bus ou autre pour rejoindre son entreprise. Il est 8h15, 8h30, le voilà prêt à attaquer sa journée. Déjà fatigué. C’est pour cela qu’il boit trop de café. Pour pester avec les collègues contre le prix de l’essence et les transports trop longs. Après sa journée, chemin inverse, il n’arrive chez lui que vers 19 heures, à condition que le grain de sable ne se soit introduit dans cette mécanique bien huilée. Qu’est ce que le grain de sable ? Le diable dans le détail. Le mauvais temps, la grève, la panne de réseau, les feuilles d’automne sur les voies, l’accident de personne sur le trajet (euphémisme pour l’individu s’étant jeté sous un train)…

    Pareil à une fourmilière désorganisée par le coup de pied du petit d’homme diabolique, la horde des grands banlieusards se retrouve prises d’effroi. Le retard pointe le bout de son nez moqueur. Que ce soit le matin ou le soir, un seul mot d’ordre : panique à bord. Au début de la journée, l’urgence sera de prévenir l’employeur de son arrivée tardive tout en se préparant à affronter son regard réprobateur et menaçant. Le soir, il faudra annoncer piteusement à la baby-sitter qu’elle ne pourra pas partir avant 21 heures, comme un jour sur deux à vrai dire, vos enfants vous en voudront, et de ne pas être plus présent, et de les avoir amené dans ce trou paumé quand viendra le temps de l'adolescence...

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 1

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    Qu’on se le dise, le parisien n’en peut plus de la région parisienne : les transports, le logement, la pollution, la grisaille…trop c’est trop ! Et pour comprendre ce ras le bol, il faut partir de la vie de tous les jours de l’individu résidant en Ile de France.

     

    Le quotidien du francilien, c’est un parcours semés d’embuches : Pour celui qui a la chance d’avoir un emploi, celui-ci se trouve non pas à 10 kilomètres mais bien à 1h30 de transports. Il faut le savoir, le système métrique ne fonctionne pas à Paris aux heures de pointes. Il est simplement remplacé par une unité de mesure appelée le putain de bouchon ou le putain de RER supprimé. Vous savez exactement quand vous partez, jamais quand vous arriverez. Le fameux retard du parisien ne s’explique pas autrement, à l’exception de quelques malins qui le provoquent volontairement pour se rendre intéressant.

     

    Vous me direz, et Vélib alors ? Ça peut fonctionner à la rigueur, avec le parisien réel s’il n’habite pas la Butte Montmartre dans le sens de la montée. Le faux parisien, dénommé autrement le banlieusard, ne pourra pas utiliser le vélo couleur taupe comme une bouée de sauvetage : la bicyclette à louer s’arrête quelques centaines de mètres après le périph’. Point de salut, la condamnation est sans appel, ce sera la voiture ou les transports en commun.

     

    Il y a bien une solution alternative : vivre à Paris. Mais une limite s’impose rapidement au banlieusard : rares sont les emplois à 4 000 € net mensuel permettant de faire face aux loyers inabordables. Même les bonnes sont virées manu militari de leurs chambres au huitième sans ascenseur, pour louer ces dernières à prix d’or.

     

    A défaut d’être un fils de ou d’avoir gagné au loto, le francilien n’a plus que trois solutions qui s’offrent à lui : vivre dans les banlieues du 93 pas chers mais à un jet de périph de Paris, acheter au fin fond de la région à la limite de la Picardie, de la Champagne, du Centre ou encore de la Normandie et enfin s’exiler en province.