Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

chronique d'un néo-breton - Page 7

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 9 : l’installation en terre bretonne, les tous premiers pas…

    Imprimer

    Après bien des aventures, le néo-breton est en terre bretonne, mais il n’est pas arrivé au bout de ses péripéties :

     

    Arrivé à bon port, l’équipage du camion de déménagement se voit assigner sa mission finale : procéder à l’opération exactement inverse pratiquée quelques heures plus tôt en vidant le camion, carton par carton, meuble après meuble. Si cette partie semble plus aisée, le Tétris du remplissage n’ayant pas besoin d’être reproduit, un camion chargé et quelques centaines de kilomètres plus tard, la fraîcheur des troupes laisse à désirer. Les premières courbatures se font sentir, l’hygiène corporel est douteuse, les auréoles constellent les tee-shirts au niveau des dessous de bras et pas seulement, les yeux piquent, les marches d’escaliers comptent triple…

    Le néo-breton sort un atout de sa manche pour relancer le moral de sa fine équipe : à peine le dernier carton sera sorti qu’ils pourront aller se jeter un demi en terrasse au bord de mer. Le procédé est démagogique mais il a le mérite d’allier efficacité et faisabilité, et à condition de se situer non loin de la côte.

    Ce coup de maître, qui transposé dans un contexte professionnel pourrait être vu comme une forme malicieuse de management, permet de franchir le dernier col de cette étape du déménagement. Car une précision est à apporter utilement dès cette ligne : l’emménagement ne fait que commencer…ce que les plus pessimistes traduisent par les emmerdes commencent.

    Les cartons empilés dans le salon ou dans chacune des pièces si les caisses ont été correctement aiguillées, l’heure de la sacro-sainte pizza-bière post déménagement arrive. Ou vin. Ou coca, c’est une question de goût. Avec une différence de taille : vos cartons trônent sous vos yeux, tire-bouchon et décapsuleur sont emballés, enfouis, enfermés, quelque part, là, dans la dizaine de cartons fermés, dont vous pressentez que l’ouverture prématurée pour la seule satisfaction éthylique constituerait une erreur confinant à la connerie…

    Pour la canette de bière, n’ayez crainte, il y aura bien un fumeur décapsuleur à briquet, l’apéritif est sauvé. Mais pour le vin…

    Et pourtant, la bouteille de vin, si vous insistez, permettra un premier contact avec le voisinage sur le mode, bonjour, je suis arrivé il y a une heure, je suis votre nouveau voisin et comme vous le constatez je suis alcoolique, c’est à ce titre que je souhaiterais savoir si je puis vous emprunter un tire-bouchon…hips…

    Pas de panique, de prime abord, le breton a le verre plus facile que la conversation, il ne vous jugera donc point négativement. Le voisinage constatera que vos efforts d’intégration sont réels et immédiats, un bon point pour vous. Dès lors, l’auteur n’a qu’un seul conseil qui n’engage que lui : privilégiez le vin, pour permettre ce premier contact avec l’autochtone. Bourgogne ou bordeaux c’est à vous de choisir. Mais non sans rappeler à votre voisinage que vous consommez également local : la bière est bretonne à l’apéritif…

    La première fête improvisée en terre finistérienne fut aussi agréable qu’elle fut courte, la fatigue s’invitant sans demander la permission, vos aides déménageurs prennent la route le lendemain matin, retour dans la jungle francilienne oblige, ils insistent pour se coucher à l’heure à laquelle, en temps normal, ils commencent à peine à connaitre la Saturday Night Fever.

    Au réveil, le néo-breton constate que les meubles ne se sont pas montés tout seul, comme des grands et par magie, pas plus que les cartons ne se sont vidés, aplatis et transportés par leur propre moyen à la déchetterie. Du reste, de meubles, l’ancien parisien n’en a pour ainsi dire pratiquement pas : dans son 35 m², dans lequel l’espace est optimisé, à peine quelques étagères constituaient son patrimoine. Les cartons vont se révéler des commodes, armoires et buffets de tout premier ordre, pour quelques jours ou semaines, en fonction de la motivation du néo-breton à s’équiper, à faire le tour des magasins et arrêter un choix aussi difficile que cornélien dans la mesure où il ne sait pas faire…n’ayant jamais eu à acheter, au cours de sa vie étudiante et depuis le début de sa vie active, que la seule collection bon marché des Billy d’Ikéa…

    Le sol se dérobe sous ses pieds, la sueur perle à grosses gouttes sur son front, le néo-breton, pour la première fois de son aventure, est saisi par le doute et la peur : et si il n’y arrivait pas…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 8 : on the road to the wild wild west

    Imprimer

    Le déjà plus tout à fait Parisien et presque bientôt Breton se trouve dans les starting blocks du déménagement, le ballet de son depart d’Ile de France peut commencer :

     

     

    Tout est prêt, le plan de bataille pour remplir le camion est dans la tête, les bras arrivent, accueillis par l’indispensable café et ses acolytes, croissants et pains au chocolat. La valse des cartons commencent dans les étages, le voisinage ne se propose pas de vous aider, la frustrée de l’étage du dessous a le sourire : vous partez. Dans un dernier accès de politesse, vous demandez à vos amis de bien insister en s’arrêtant systématiquement devant sa porte pour parler fort : après des années de bienséance où vous n’avez pas moufté sur ses manies psychotiques, vous vous lâchez dans un acte de vengeance sans bravoure en lui pourrissant sa matinée. Elle aura au moins une véritable raison désormais de vous haïr, voilà un beau geste de votre part qui permettra à ce pauvre être de justifier sa méchanceté quotidienne.


     

    Le bilan du camion rempli n’est pas si catastrophique : vous êtes dans les temps, à peine deux ou trois cadres cassés et vous laissez derrière vous ces immondes chaises que votre compagne tenait absolument à emporter. Une bien belle récompense !

    Les portes battantes se referment, vous partagez une dernière bière à même le trottoir, sous le regard haineux de votre voisine qui esquisse un sourire lorsqu’elle entend le nom de votre destination finale.

     

    Après les dernières embrassades, le camion démarre et seul le rétroviseur vous permet de distinguer les morceaux de vie que vous quittez. Proxima estacion : Kemper.


    La première partie du parcours est rapide, mais vous ne pouvez vous empêcher de vous arrêter en route pour dévorer un dernier KFC. Dans votre nouvelle vie, le plus proche ne sera pas à moins de 70 kilomètres, autant dire à des années lumières. Puis, quelques temps après avoir repris le volant, un panneau "bienvenue en Bretagne" apparaît, sous titré en une espèce de langue obscure mais à la puissance magique « Degemer Mat ». Vous avez atteint votre but.


     

    Enfin…presque. Rennes n’est pas encore en vue et le Finistère n’a jamais aussi bien porté son nom. C’est bien le bout du monde et avant de l’atteindre, il va falloir traverser la Bretagne dans toute sa longueur. Pour se rendre compte que cette région, ce n’est pas seulement des côtes océaniques aussi riches que variées mais tout autant une terre vallonnée, et très agricole. C’est par les narines débouchées par une fragrance douteuse que vous vous en apercevez. L’épandage du lisier n’est pas un mythe, il existe, l’élevage porcin et bovin est bien réel.


    Pour l’élevage bovin, vous auriez du le deviner depuis longtemps déjà : d’où vient tout ce beurre que l’on trouve à toutes les sauces et dans tous les plats, jusqu’au fameux caramel au beurre salé ?.. Pour le cochon, vous pensiez que c’était un montage des bretons, qui sont capables des pires mensonges tels que de faire croire qu’il n’y a jamais de soleil chez eux, dans le seul but de ne pas être envahis par une horde de Parisiens en mal d’espaces et d’air iodé. Il ne pleut pas (encore) mais le suidé n’est pas une vue de l’esprit, son odeur attaque l’habitacle, puis vos narines et il faudra quelques minutes d’aération pour que les effluves tenaces se dispersent ! Vous noterez que le chroniqueur, néo-breton, entretient lui aussi les légendes urbaines, bien que rurales, pour se protéger à son tour des hordes… ce qui prouve bien que les convertis sont les plus fanatiques mais c’est là un autre débat et d’autres chroniques. Revenons à nos moutons bretons, qui sont plutôt roses avec la queue en tire en bouchon.

     

    Un panneau annonce enfin la terre promise, et des noms de destination de vacances : Concarneau, Quimper, Bénodet, la Pointe du Raz…Le Finistère, la Cornouaille, here we are !


    Il fait beau, il fait…une température de côte bretonne, l’humidité et la fraîcheur tombent nets, sans prévenir, lorsque le soleil commence sa lente disparition de l’horizon. La fourmilière parisienne est loin, le Breton est pareil au tournesol, il ne sort la tête que le jour, ensoleillé si possible, les rues sont clairsemées, pour ne pas dire l’odieuse vérité : en saison hivernale, il n’y a pas un chat à l’horizon après 19h, weekend compris. Il faut s’y faire.


    Mieux, il y a du charme dans ces rues désertes, balayées par un fin crachin, qu’une faible lumière artificielle éclaire. Une quiétude que l’usager quotidien du métropolitain avait oubliée. Ajouter à cela une fine odeur de crêpes et de galettes, qui se mêle presque naturellement à celle du beurre fondue, et voilà l’auteur de ces lignes transporté au sommet du massif armoricain. Certes, l’altitude ne lui fera pas manquer d’oxygène mais il n’empêche qu’il prend un peu de hauteur pour mieux souffler…Et du souffle, il va en avoir besoin ! Passer d’un studio à une vraie maison avec jardin va constituer une nouvelle aventure qui ferait passer un déménagement pour une promenade de santé…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 7 : de l’art de mettre en boîte son appartement

    Imprimer

    Le néo-breton prépare son grand départ, Le voilà embourbé dans la délicate étape de la logistique.

    Quitter une région, un appartement, c’est de la logistique et vous avez beau être dans une société dématérialisée où vous pouvez tout acheter par un simple coup de souris, ça devient plus complexe pour tout défaire d’un clic. Quant au remplissage des cartons, si les premiers sont simples à réaliser, la tache s’avère plus ardue à mesure que la fragilité, la forme atypique des objets combinés à la fatigue du héros vont croître de manière plus ou moins rapide. Ainsi, dans deux opérations parallèles, il va falloir résilier ce qu’il y a à résilier, transférer ce qui le mérite et remplir ce qui doit l’être.


    Mais avant toute chose, le choix le plus stratégique du déménagement, c’est bien la définition du carton à utiliser. Et en la matière, deux écoles s’affrontent : les tenants de la récup’ et les partisans du normalisé. La bataille peut faire rage au sein d’un couple si chacune des parties défend son école bec et ongles. Les tenants de la récup’ arpentent les arrières boutiques des supermarchés à la recherche du stock de cartons qui va permettre une économie substantielle sur le budget emballage. Ce qui est juste, le carton normalisé est une véritable saignée dans le portefeuille. Mais l’avantage du carton standardisé et ad-hoc, c’est justement qu’il permet, façon Tetris, d’optimiser le chargement du camion, en évitant les espaces vides en autobloquant le chargement.

    De son côté, le carton de récupération, c’est rigolo comme une chasse au trésor à débusquer, c’est bariolé comme un carnaval de Rio mais le jour fatidique du chargement, la fête est terminée : les cartons explosent, la montagne dans le camion est brinquebalante, et pour le coup, vous pouvez être certain que le frigo restera sur le bord du trottoir par manque de place.  

    Il n’en reste pas moins que tant que vous n’en aurez pas fait l’expérience, votre esprit inclinera naturellement vers la gratuité immédiate et le fun du carton de récup’… L’expérience, tout autant qu’un raisonnement économique salvateur bien que petit bourgeois au dire de certains vous conduira inéluctablement à vous précipiter vers un magasin de bricolage pour acheter un pack de cartons de déménagement, les rouleaux de scotchs nécessaires, la papier bulle, les sangles d’accrochages et bien d’autres trésors destinés à vous vider les poches et vous garantir un déménagement sans encombres.


    Armé de votre matériel, vous êtes prêts pour la partie opérationnelle : remplir le contenant. Après avoir choisi le bon timing, en planifiant au mieux pour faire coïncider la fermeture du dernier carton un poil avant l’arrivée des premiers amis assez inconscients pour venir vous aider à vider l’appartement et remplir le camion. Ne riez pas, c’est un exercice sur lequel plus d’un s’est cassé les dents. Qui n’a jamais eu la désagréable surprise de réveiller un pote le jour de son déménagement, les cartons pas tout à fait finis et pour tout dire complément pas commencés…

    Alors, pour ne pas perdre l’amitié précieuse des déménageurs fraternels, il est impératif de planifier. Ce qui sera d’autant plus vrai quand l’exercice implique six heures de route à l’aller, puis six toujours au retour, auquel cas vous pourriez comprendre rapidement et sans besoin d’un cours de philosophie ce que recouvre le concept de solitude…


    Le néo-breton, prévoyant, fait le choix la sécurité en prenant une semaine de congés pour faire les cartons, ce qui lui laisse assez de temps pour décuver des fiestas qui se succèdent dans une farandole amicale et éthylique... parce qu'un départ, ne l'oublions pas, c'est le pretexte rêvé pour faire la fête...

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 6 : L’entre deux, pas encore Breton, plus tout à fait Parisien

    Imprimer

    Le néo-breton, après avoir décroché un boulot, a du se mettre en quête d'un logement. le voilà de retour à Paris, pour la dernière fois.

    Alors que le futur propriétaire croule sous une paperasse sans fin pour lui permettre de signer un compromis de vente, trouver un prêt à des conditions correctes avec des banques qui fonctionnent dans un contexte de crise, et qui se trouvent à 500 kilomètres de la capitale, le futur ex-parisien/francilien locataire se la coule douce, multiplie les fêtes avec les amis, prend du bon temps, visite, « rtétise », se la joue une dernière fois tournée des grands ducs. La cigale chante, la fourmi trime, fable immuable… laquelle des deux est la plus heureuse, j’ai bien mon idée mais je vous laisse maître de la réponse.


    La digression d’entomologiste a permis à la Seine de couler sous le pont Mirabeau assez longtemps pour que le jour du déménagement approche à grand pas, mélange d’excitation tout autant que de désespoir devant la tache colossale à accomplir : déménager des bouts de vie.


    Une note positive : le parisien quitte une petite surface, il peut encore se permettre de faire jouer le système débrouille du réseau amical et familial, quand l’heure viendra de la transhumance. C’est surement la dernière fois. Le prochain déménagement, il se le jure, sera confié pour partie à des professionnels. En dépit du coût. Signe d’embourgeoisement qui ne trompe pas que de faire appel à des déménageurs de métiers, au moins autant que de ne plus boire une bière à la bouteille mais directement dans un verre. Alors, une dernière fois, le Parisien va sentir la brise de la jeunesse et c’est dans la catégorie « amateur » que le parisien va boxer.


    Avec une première question : de combien de mètres cubes devra être la contenance du camion de déménagement ? Les mathématiques n’ayant jamais été son fort, notre héros va se tourner vers les sites de loueurs de camionnettes qui offrent des petits modules très ludiques pour calculer le volume nécessaire. Du moins avec un mobilier standardisé et à vrai dire relevant parfois de la fiction. Casse-tête que de catégoriser les meubles, que d’évaluer le nombre de cartons que constitueront les livres qu’il a savamment empilé durant des années, sans parler des vêtements. A ce moment précis, le déménageur presque Breton n’a pas même eu la présence d’esprit d’aller voir dans la cave et la cuisine les appareils, bibelots et autres merdouilles qu’il lui faudra encore emporter.


    Ce sera donc une technique vieille comme le monde qui va lui permettre de s’en sortir : le doigt mouillé ! Le doigt mouillé permet d’apprécier, à la grosse, en rajoutant un peu par ici, en comprimant un peu par là une hypothèse pour déboucher sur une solution. Est-ce une technique fiable ? Malheureusement, on ne le sait qu’à la fin de l’opération. Le jour où le camion se remplit… Trop optimiste, le déménageur se retrouve avec un frigo et quelques cartons sur le trottoir, trop pessimiste, il aura la désagréable surprise d’imaginer qu’il aurait pu payer un camion plus petit et donc moins chère, sans compter qu’un chargement tire son équilibre du fait de sa densité : un camion partiellement rempli, c’est une vaisselle à moitié brisée…


    Mais avant de charger le camion, de nombreuses aventures vont démontrer à notre futur breton qu’un changement de vie, c’est plus complexe qu’il n’y paraît et qui va le conforter sur une chose : l’intendance, ce n’est franchement pas drôle.

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 5 : la recherche du logement, sur place

    Imprimer

    Le néo-breton a commencé, à distance, ses recherches pour trouver un logement. Même en dépit des technologies, il lui faudra aller sur place une fois la short list constituée... 

    Cette visite sur place il sera judicieux de la programmer, un peu à l’avance, en anticipant un aller/retour de quelques jours, au cours duquel sera prévu la visite marathon d’une dizaine de maisons et appartements, en optimisant les trajets. Du moins en espérant avoir réussi à optimiser l’agenda, parce que dans la vraie vie, certaines données qui n’avaient pas été intégrés vont surgir rapidement. La première qu’à connu le néo-breton fut de constater que la ville dans laquelle il allait atterrir n’était pas aussi plate que dans son souvenir.

    Quimper pour ne pas la nommer, monte et descend sans discontinuer dans un remake beurré et bretonnant des rues de San Francisco. Avec le vélo qu’il a loué, le parisien sur le départ a l’air malin, s’obligeant à gravir les côtes plus vite que son corps ne lui permet pour simplement arriver à l’heure au rendez vous fixé, le souffle haletant et le visage écarlate, pris pour un gentil rêveur par l’autochtone qui lui fait visiter le lieu. Le propriétaire ou l’agent immobilier vous regardent d’ailleurs avec un air aussi ahuri que sentencieux : le touriste débarque, le prix de départ du bien sera majoré de 10 %, sait on jamais, sur un malentendu ça peut fonctionner…


    Le futur breton ne s’apercevra pas qu’il a droit à un régime différent, les yeux plein les étoiles de ces prix qui n’ont tout simplement rien à voir avec ceux pratiqués du côté de la Capitale. Il se prend pour un néo-châtelain, sans se rendre compte qu’il s’agit de la norme, et sans réfléchir aux conséquences qu’il rencontrera très rapidement dans son nouveau palais : en triplant sa surface, c’est trois fois plus d’espace mais aussi…trois fois plus de ménages et le petit jardin de 500 m² tout beau, tout propre lorsqu’il en est devenu l’heureux détenteur nécessite une forme d’entretien que le breton et à vrai dire le reste du monde connaît sous le vocable de jardinage. Derrière ce mot étrange, il va découvrir que tondre, couper, tailler, ramasser est finalement bien moins drôle que dans une émission de télévision du type la main verte. Mais le néo-breton n’est pas au bout de ses surprises, il n’en est qu’aux prémisses de l’apprentissage de sa nouvelle vie.  


    Après les nombreuses visites qui l’auront autant enchanté que déçu, notre héros va opérer ce qu’en langage courant nous nommons une révision générale des standards : non, il ne trouvera ni appartements haussmannien à parquet et cimaises, ni meulières bord de Marne ; le jardin de plain-pied : à oublier, ça n’existe pratiquement pas dans le coin. La station de métro la plus proche est à des années lumières. L’école de l’autre côté du trottoir pour éviter les longs trajets pour y déposer la marmaille: pas si simple. Le parisien va donc faire ce que Darwin a si bien décrit pour le règne des vivants : s’adapter. Ce sera de la bretonne, de la néo-bretonne ou du moderne qui va de la classe confort en passant par le style Valérie Damidot sans oublier l’improbable seventies touch qui donne l’impression qu’un seul et unique architecte, particulièrement mauvais, a sévi dans la région, un certain Maison Phénix.


    Armé de son nouveau tamis immobilier, qui sera également fonction du montant total des revenus et de la densité de l’apport personnel, la conquête de l’Ouest va pouvoir commencer sérieusement !

    L’équation des distances logement, travail, loisirs multipliée par le coefficient du coup de cœur va déboucher sur la phase de négociation, dans le cas d’une acquisition, ce qui est plus long que le contrat de location qui débouchera pour sa part assez rapidement sur la case déménagement.


    Je sens déjà poindre votre interrogation, est-il difficile de négocier en terre bretonne : question complexe, qui dépend du degré de rareté du bien recherché et de la qualité du propriétaire. Pour les gens pressés, le couple en instance de divorce est la meilleure solution, voire une proie recherchée : besoin de vendre vite, peu importe le prix, ne plus partager un bien avec ce(tte) Connard/Connasse étant le but  à atteindre. Il n’y a donc pas là matière à voir un particularisme local, tout au plus pouvons nous noter une propension à négocier dure, reflet d’un marché agricole encore très présent, que l’on peut constater aussi bien à la lecture des quotidiens régionaux (page marchés agricoles avec les tableaux comme à la bourse mais pour le kilo de choux fleur ou de veau…si si) que dans certaines villes et villages avec des marchés aux bestiaux qui n’ont rien à envier à Wall Street...