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chronique - Page 19

  • L'enquête (les chroniques de la RGPP...)

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    Lorsque l’ordinateur avait émis le premier clignotement, personne n’y avait prêté attention. Le matériel était coutumier du fait, la faute à des logiciels que le moins disant avait fourni, mais avec les défauts qu’occasionne parfois cette qualité. En moins de temps qu’il n’en faut pour transcrire une directive européenne en droit interne, la carte du pays était pareille à une Tour Eiffel un soir de 14 juillet. En un mot, la situation était grave. Avec un problème non négligeable pour ne pas dire de taille : personne ne savait pourquoi. Cette carte faisait partie d’un programme noyé au milieu de milliers d’autres programmes, dont l’objectif et le sens s’étaient perdus. Celui qui l’avait conçu, tout comme celui qui l’avait commandé avaient quitté les locaux depuis belle lurette.

    Les plus hautes instances avaient été alertées des périls qui s’annonçaient, sans pouvoir être informées sur la nature des désastres à venir. Notons que la situation aurait pu prêter à sourire et même à rire, si la gravité n’avait pas été de mise du fait, et des dangers potentiels encourus mais répétons le, inconnus, et d’une austérité naturelle des dites plus hautes instances, qui leur avait valu le sobriquet n’ayant aucun rapport avec la présente histoire mais que le narrateur ne peut s’empêcher de vous faire partager : « la famille Adams ».

    Une cellule de crise fut rapidement constituée pour prévenir toute fuite sur le mystère qui s’épaississait d’heure en heure et qu’une presse en manque de sensation n’aurait pas hésité à étaler, en amplifiant et caricaturant le potentiel danger qu’aucune autorité n’était en mesure d’expliquer. Imaginons un peu le sentiment paradoxal qui aurait pu saisir la population : une peur irrationnelle couplée à une tranche de fou rire face au désarroi d’une élite plongée dans une expectative qui la rendait, avouons le, aussi risible que possible.

    Les plus beaux cerveaux produits par le système scolaire national, venus de tous les ministères, « brainstormaient» comme rarement ils avaient pu en avoir l’occasion depuis la dernière réforme locale, jusqu’à ce que le génie français produise enfin un début de proposition pour une ébauche de sortie de crise : retrouvez les personnages qui avaient mis en place ce système d’alerte. L’enquête fut rapide, rondement mené et pour tout dire c’est le concierge du ministère de l’intérieur qui donna les coordonnées de l’un des deux larrons, avec qui il avait gardé contact, ce qui confirme qu’au cœur du pouvoir, le concierge est une sorte de demi-dieu qui en sait bien plus que tous les mouchards placés dans le moindre recoin des plus obscures pièces. Pas de médaille pour notre homme de bien, car déjà la sainte inquisition républicaine passe à la question Michel Lechêne, ancien obscur programmateur du ministère, qui au temps déjà lointain, préhistorique dirait les plus jeunes des stagiaires de l’administration, de la mise en place de la LOLF, acronyme pour indiquer que le budget pouvait être rigolo, du moins est-ce le seul sens qu’ait indiqué une « googlelisation » des quatre lettres, bref, pour résumer et avant de se perdre dans une phrase qui pour la majorité et en particulier mon prof de français de terminale est bien trop longue et lourde,  Michel Lechêne exerçait ses talents en un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre.

    Aujourd’hui responsable du service informatique d’une communauté de communes dans le pays de son enfance, entrela Bretagneetla Coted’Azur, Michel Lechêne, fidèle au langage binaire qui est la fierté du monde informatique, ne fit aucun détour dans ses explications et alla droit au but, ce qui est certes tout à son honneur mais ne permet pas à l’écrivain d’écrire un roman, lui qui a besoin de rebondissements, de mystères et autres boules de gomme. Sous le regard attentif de l’inspecteur général des services Pierre-Matthieu deLa Pie QuiChante, le programmateur désormais territorial indiqua que ce logiciel recensait tout simplement chaque année les déférés préfectoraux à l’encontre des décisions et autres délibérations de ceux qui s’administrent librement mais sous le regard bienveillant du représentant de l’Etat. Le clignotement rouge du logiciel traduit un nombre égal à zéro de déféré dans une préfecture sur une année. Il apparaissait donc qu’une seule sous-préfecture avait réalisé une telle opération l’année précédente, et que toutes les autres n’avaient rien eu à redire à ce qu’il leur avait été transmis. Un soulagement général traversa les ministères et les cabinets des plus hautes autorités, l’alerte n’avertissait pas d’un danger, elle tendait même à prouver que la qualité des administrations locales décentralisées avait atteint un niveau proche de l’excellence à une exception près, le grand chelem était à portée de main…

    Michel Lechêne fut chaudement remercié, le concierge fut une nouvelle fois oublié et l’affaire alla rejoindre le carton de celles qui sont menées et classées avec brio, car les brigades du tigre des hautes sphères administratives n’étaient pas mortes !

    Michel Lechêne, de retour dans sa communauté de communes, en première classe,la Républiquen’étant jamais la dernière pour honorer ses fidèles serviteurs, ne pouvait s’empêcher de revoir cette carte illuminée de mille feux. La solution était trop simple pensait ce clone de l’inspecteur Clouzeau, dont le goût pour le roman policier avait instillé dans son esprit une déformation non pas professionnelle mais néanmoins bien aiguisée qui le faisait douter constamment devant la simplicité des choses pour ne pas dire les simplifications que l’âme humaine apprécie tant. Une nuit, puis une deuxième sans avoir trouvé le sommeil commencèrent à inquiéter les collègues du directeur de l’informatique.

    « Michel, qu’est ce qui t’arrive ? T’arrives pas à retourner chez le commun des mortels ? » osa la directrice générale qui ne connaissait pas le quinquagénaire si taciturne dans son quotidien.

    Michel Lechêne, après quelques hésitations, s’ouvrit de ses interrogations persistantes. Rompant le secret professionnel qu’il ne lui avait pas été demandé de rompre, l’ancien programmeur du ministère de l’économie présenta l’état de ses investigations qui tenaient en une hypothèse simple : si le thermomètre indique qu’il n’y a pas de température, ça ne veut pas pour autant dire qu’on n’est pas malade. Devant l’air dubitatif de son supérieur hiérarchique et néanmoins amie, Michel Lechêne compris que l’heure n’était pas à la littérature policière et à la périphrase et que le langage binaire direct serait bien plus efficace :

    «  S’il n’y a plus de référés, c’est peut être parce qu’il n’y a plus matière à, mais ce peut être tout autant parce qu’il n’y a plus personne pour en faire…CQFD… » proclama l’enquêteur des mystères administratifs dela République.

    La bombe lachée, quoiqu’un peu estomaquée, Anne-Lise Martin, directrice des services de la communauté de communes des trois étangs, bien qu’elle n’en ait jamais répertorié que deux, allez savoir le pourquoi du comment, proposa à l’informaticien de l’aider à alerter les plus hautes autorités de son hypothèse pas si farfelue en temps de vaches maigres des finances de l’Etat.

    Aussitôt dit, aussitôt fait, les sarcasmes des hauts fonctionnaires sur la vacuité, pour ne pas dire l’outrecuidance d’une telle idée qu’ils n’auraient pas eue auraient pu tuer dans l’œuf une carrière d’enquêteur si l’inspecteur général des services DeLa Pie QuiChante n’avait appelé en douce Michel Lechêne pour lui demander d’enquêter en secret à ses côtés. La piste méritait d’être explorée, et lui aussi se sentait une âme de fin limier, paré à démêler l’écheveau de tous les mystères possibles.

    Dans une confidence de fin de conversation, l’inspecteur général, trentenaire, avoua que son métier il le faisait plus par obligation familiale, au nom de la tradition et parce qu’il avait, pour son malheur, réussit les grandes écoles, mais que son rêve caché et profond, c’était de porter un insigne, bon flic mais pas du genre premier de la classe, aux méthodes efficaces mais qui mordillent allégrement la ligne jaune, ce qui prouve bien que l’habit ne fait pas le moine, y compris dans les ministères monacales.

    Le duo de détectives en herbe décida que l’enquête devrait être rapide mais simple, du fait des moyens d’action limités qu’ils avaient à leur disposition : du bagout et un téléphone. Ce qui n’est pas Byzance mais on a construit des empires avec presque moins que cela plaisanta l’aîné des deux compères.

    La répartition des préfectures pour prendre les renseignements nécessaires sur le contrôle de légalité s’opéra par l’attribution des numéros pairs à Michel Lechêne et les numéros impairs à Pierre-Mathieu dela PieQuiChante, qui se fit rapidement nommer par son nouveau camarade PM, raccourci bien pratique que seul un informaticien avisé aurait pu oser.

    Commentla Corsedu Sud (2A) etla Haute Corse(2B) furent réparties restera un mystère de cette histoire.

    Pour mener l’enquête, le stratagème était simple : les deux larrons se faisaient passer pour des stagiaires du ministère devant récolter quelques données dans le cadre d’une étude commandée par le ministre lui-même. Le questionnaire tournait autour du pot pour ne pas éveiller les soupçons des forces déconcentrées de l’Etat, qui, auraient du être appelées les forces diluées jusqu’à un dosage homéopathique, comme les résultats de l’enquête n’allaient pas tarder à le démontrer. Les préfectures avouaient, honteusement, puis avec une rage contenue trop longtemps, que de fait, plus personne n’exerçait véritablement le contrôle de légalité. Les effectifs ne le permettaient plus, les agents en poste n’avaient plus été remplacés depuis une éternité, et à défaut de faire mieux avec moins, il y avait eu une conjonction extraordinaire et tacite pour ne plus faire tout court dans ce domaine et ce afin de pourvoir à tout le reste.

    Les deux enquêteurs avaient le triomphe amer, la piste suivie était la bonne mais l’ampleur des dégâts les attrista. L’empathie du détective ou les valeurs du service public, un peu des deux sans doute, les amenèrent à partager la tristesse de leurs interlocuteurs et à envoyer un rapport d’enquête salé, bien que tout ce qu’il y a de plus conforme aux notes administratives, aux plus hautes autorités du pays. Ce qu’est devenu ce rapport, personne ne le sait véritablement, pas même les deux enquêteurs qui depuis lors se sont associés pour monter une officine de détectives privées.

    Ce que l’on sait en revanche, c’est que l’année qui a suivi le départ à la retraite du dernier agent du contrôle de légalité de la sous-préfecture qui ne s’était pas illuminée, le champagne a coulé à flot au ministère : la maturité de la décentralisation avait été enfin atteinte, la totalité des points lumineux  sur le programme du ministère brillaient de mille feux…

  • Tirlinlipimpom sur le chihuaha...

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    Il semblerait que la vie politique française ait vu son centre de gravité se déplacer pour retrouver l’origine du monde si chère à Gustave Courbet.


     
    DSK semble être trahi par sa passion immodérée du tirlinlipimpom sur le chihuahua pendant que Nicolas Sarkozy va être papa d’un enfant avec une troisième mère différente.


     
    L’avenir de DSK est bien sombre, quand bien même il serait victime d’une machination, le déballage sur l’appétit du bonhomme fait étrangement penser, comme me l’indiquait une connaissance, au roman d’Alberto Moravia, Moi et lui, sur un homme dialoguant avec son pénis.


     
    Nicolas Sarkozy voit son plan com’ de sauvetage se mettre en place : se marier à une top-model, lui faire un enfant qui naitra en début d’année prochaine et faire une campagne électorale avec un nourrisson dans les bras. Le Fouquet’s, le bouclier fiscal, la xénophobie rampante, la construction d’une société inégalitaire, la vacuité d’une pensée politique européenne, tout ça miraculeusement enfouis sous une montagne de couches-culottes.


     
    La barre est haute pour les autres candidats : à part des sex-tapes Mélenchon-Buffet, Hulot Joly, Hollande-Aubry, Borloo-Bayrou, la barre du trash ne sera pas atteinte. Sauf à regarder du côté du triolisme des extrêmes : Collard, Ménard et Marine.


    Il n’est donc pas venu le temps où la présidentielle sera le moment privilégié de débats et de choix sur un modèle de société, parlant Europe, répartition de la richesse, lutte contre la précarité…

     En même temps, une turlutte a toujours été plus joyeuse qu’une juste mais chaste discussion : la nature humaine est indécrottable…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 7 : de l’art de mettre en boîte son appartement

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    Le néo-breton prépare son grand départ, Le voilà embourbé dans la délicate étape de la logistique.

    Quitter une région, un appartement, c’est de la logistique et vous avez beau être dans une société dématérialisée où vous pouvez tout acheter par un simple coup de souris, ça devient plus complexe pour tout défaire d’un clic. Quant au remplissage des cartons, si les premiers sont simples à réaliser, la tache s’avère plus ardue à mesure que la fragilité, la forme atypique des objets combinés à la fatigue du héros vont croître de manière plus ou moins rapide. Ainsi, dans deux opérations parallèles, il va falloir résilier ce qu’il y a à résilier, transférer ce qui le mérite et remplir ce qui doit l’être.


    Mais avant toute chose, le choix le plus stratégique du déménagement, c’est bien la définition du carton à utiliser. Et en la matière, deux écoles s’affrontent : les tenants de la récup’ et les partisans du normalisé. La bataille peut faire rage au sein d’un couple si chacune des parties défend son école bec et ongles. Les tenants de la récup’ arpentent les arrières boutiques des supermarchés à la recherche du stock de cartons qui va permettre une économie substantielle sur le budget emballage. Ce qui est juste, le carton normalisé est une véritable saignée dans le portefeuille. Mais l’avantage du carton standardisé et ad-hoc, c’est justement qu’il permet, façon Tetris, d’optimiser le chargement du camion, en évitant les espaces vides en autobloquant le chargement.

    De son côté, le carton de récupération, c’est rigolo comme une chasse au trésor à débusquer, c’est bariolé comme un carnaval de Rio mais le jour fatidique du chargement, la fête est terminée : les cartons explosent, la montagne dans le camion est brinquebalante, et pour le coup, vous pouvez être certain que le frigo restera sur le bord du trottoir par manque de place.  

    Il n’en reste pas moins que tant que vous n’en aurez pas fait l’expérience, votre esprit inclinera naturellement vers la gratuité immédiate et le fun du carton de récup’… L’expérience, tout autant qu’un raisonnement économique salvateur bien que petit bourgeois au dire de certains vous conduira inéluctablement à vous précipiter vers un magasin de bricolage pour acheter un pack de cartons de déménagement, les rouleaux de scotchs nécessaires, la papier bulle, les sangles d’accrochages et bien d’autres trésors destinés à vous vider les poches et vous garantir un déménagement sans encombres.


    Armé de votre matériel, vous êtes prêts pour la partie opérationnelle : remplir le contenant. Après avoir choisi le bon timing, en planifiant au mieux pour faire coïncider la fermeture du dernier carton un poil avant l’arrivée des premiers amis assez inconscients pour venir vous aider à vider l’appartement et remplir le camion. Ne riez pas, c’est un exercice sur lequel plus d’un s’est cassé les dents. Qui n’a jamais eu la désagréable surprise de réveiller un pote le jour de son déménagement, les cartons pas tout à fait finis et pour tout dire complément pas commencés…

    Alors, pour ne pas perdre l’amitié précieuse des déménageurs fraternels, il est impératif de planifier. Ce qui sera d’autant plus vrai quand l’exercice implique six heures de route à l’aller, puis six toujours au retour, auquel cas vous pourriez comprendre rapidement et sans besoin d’un cours de philosophie ce que recouvre le concept de solitude…


    Le néo-breton, prévoyant, fait le choix la sécurité en prenant une semaine de congés pour faire les cartons, ce qui lui laisse assez de temps pour décuver des fiestas qui se succèdent dans une farandole amicale et éthylique... parce qu'un départ, ne l'oublions pas, c'est le pretexte rêvé pour faire la fête...

  • La loi du talion, c'est in!...

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    Revenons sur les heures qui ont suivies l’annonce de la mort d’Ousama Ben Laden, même si, déjà, cette actualité a largement été chassée par une autre puis une autre puis...

    Obama, et tous ses copains présidents des démocraties du monde libre n’ont pu s’empêcher de répéter Game Over, « Justice est faite ». Les chroniqueurs radio, télé, internautes leur ont emboîté le pas sans sourciller, du moins dans les premières heures.

    Bien entendu, savoir que la traque de Ben Laden arrive à son terme est réjouissant, mais le comportement primaire, réhabilitant la loi du Talion est une petite victoire posthume de l’ex-ennemi public n°1, en légitimant rétroactivement son discours.

    Que Ben Laden ait été un des pires assassins illuminés de l’histoire ne fait aucun doute. Qu’il puisse mériter de griller en enfer, c’est un point de vue largement partagé et particulièrement défendable, si la notion d’enfer existe bien sur.

    Mais ce qui distingue le combat démocratique du reste, c’est bien le respect de la personne humaine, y compris pour le pire des sérial-killer. Le chroniqueur que je suis fut frappé de voir des gens biens intentionnés par ailleurs, capable d’applaudir à s’en rompre les mains quand ils entendent le discours de Badinter proposant d’abolir la peine de mort, mais se féliciter avec emphase sur les balles dans la tête reçues par le barbu le plus connu de la planète après le Père Noël et Fidel Castro.

    La justice, le droit à un procès équitable, c’est un combat de tous les jours. Se relâcher une seule fois, c’est ouvrir la porte aux instincts les plus primaires de la nature humaine. Peut être que l’arrestation ne pouvait que déboucher sur un bain de sang connaissant le personnage mais reste qu’un procès puis une condamnation (de prison à vie) aurait eu autrement plus de prestige et de force morale pour le camp occidental, par l’application du principe bien connu mais peu usité du « je fais ce que dis, je dis ce que je fais ».

    Notre Président a eu les mêmes dérapages. Justice est faite, par l’exécution sans procès. Imaginons qu’un policier, ou même un citoyen lamba, assassine et que l’esprit de vengeance fasse qu’il soit à son tour la victime d’une justice punitive de la part des proches, Sarkozy osera t’il répéter cette phrase lourde de sens devant l’histoire : Justice est faite ? Le premier et unique chanoine de l’Archibasilique de Saint-Jean de Latran à Rome n’aime définitivement pas lire. Il s’est arrêté à l’ancien testament dans sa découverte de la Bible.

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 6 : L’entre deux, pas encore Breton, plus tout à fait Parisien

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    Le néo-breton, après avoir décroché un boulot, a du se mettre en quête d'un logement. le voilà de retour à Paris, pour la dernière fois.

    Alors que le futur propriétaire croule sous une paperasse sans fin pour lui permettre de signer un compromis de vente, trouver un prêt à des conditions correctes avec des banques qui fonctionnent dans un contexte de crise, et qui se trouvent à 500 kilomètres de la capitale, le futur ex-parisien/francilien locataire se la coule douce, multiplie les fêtes avec les amis, prend du bon temps, visite, « rtétise », se la joue une dernière fois tournée des grands ducs. La cigale chante, la fourmi trime, fable immuable… laquelle des deux est la plus heureuse, j’ai bien mon idée mais je vous laisse maître de la réponse.


    La digression d’entomologiste a permis à la Seine de couler sous le pont Mirabeau assez longtemps pour que le jour du déménagement approche à grand pas, mélange d’excitation tout autant que de désespoir devant la tache colossale à accomplir : déménager des bouts de vie.


    Une note positive : le parisien quitte une petite surface, il peut encore se permettre de faire jouer le système débrouille du réseau amical et familial, quand l’heure viendra de la transhumance. C’est surement la dernière fois. Le prochain déménagement, il se le jure, sera confié pour partie à des professionnels. En dépit du coût. Signe d’embourgeoisement qui ne trompe pas que de faire appel à des déménageurs de métiers, au moins autant que de ne plus boire une bière à la bouteille mais directement dans un verre. Alors, une dernière fois, le Parisien va sentir la brise de la jeunesse et c’est dans la catégorie « amateur » que le parisien va boxer.


    Avec une première question : de combien de mètres cubes devra être la contenance du camion de déménagement ? Les mathématiques n’ayant jamais été son fort, notre héros va se tourner vers les sites de loueurs de camionnettes qui offrent des petits modules très ludiques pour calculer le volume nécessaire. Du moins avec un mobilier standardisé et à vrai dire relevant parfois de la fiction. Casse-tête que de catégoriser les meubles, que d’évaluer le nombre de cartons que constitueront les livres qu’il a savamment empilé durant des années, sans parler des vêtements. A ce moment précis, le déménageur presque Breton n’a pas même eu la présence d’esprit d’aller voir dans la cave et la cuisine les appareils, bibelots et autres merdouilles qu’il lui faudra encore emporter.


    Ce sera donc une technique vieille comme le monde qui va lui permettre de s’en sortir : le doigt mouillé ! Le doigt mouillé permet d’apprécier, à la grosse, en rajoutant un peu par ici, en comprimant un peu par là une hypothèse pour déboucher sur une solution. Est-ce une technique fiable ? Malheureusement, on ne le sait qu’à la fin de l’opération. Le jour où le camion se remplit… Trop optimiste, le déménageur se retrouve avec un frigo et quelques cartons sur le trottoir, trop pessimiste, il aura la désagréable surprise d’imaginer qu’il aurait pu payer un camion plus petit et donc moins chère, sans compter qu’un chargement tire son équilibre du fait de sa densité : un camion partiellement rempli, c’est une vaisselle à moitié brisée…


    Mais avant de charger le camion, de nombreuses aventures vont démontrer à notre futur breton qu’un changement de vie, c’est plus complexe qu’il n’y paraît et qui va le conforter sur une chose : l’intendance, ce n’est franchement pas drôle.