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  • Du choix du bon cheval...

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    Que ce soit au PMU, en politique, dans le monde de l’entreprise ou encore dans la vie privée, le choix du cheval gagnant se présente tous les jours. Gagner ou perdre, telle est la question.

     

    A l’approche de l’élection présidentielle, les grandes manœuvres commencent. Les uns et les autres se placent, par conviction pour une majorité, par suivisme pour d’autres et par opportunisme bien placé pour une minorité qui se voit déjà occuper quelques postes prestigieux et bien en vue.

     

    Mais encore faut-il miser sur le bon cheval et c’est là toute la difficulté, mais aussi le challenge, qu’il faut surmonter. Les jeux n’étant jamais fait d’avance, sauter dans le bon wagon est un art qui fait appel à un instinct assuré, à une bonne dose de chance mais aussi à une approche scientifique de la chose.

     

    Comme le turfiste qui étudie savamment le terrain, les conditions climatiques ou encore les performances passées des différents protagonistes, l’individu qui s’apprête à faire son choix pour apporter son soutien à tel ou tel candidat va devoir passer par une analyse complète des forces en présence, du pedigree de chacun, des chances de victoire de son poulain ou du monnayage de sa défaite.

     

    Car ne l’oublions pas, un candidat ne réunit jamais une majorité à lui seul tout comme il ne fera jamais l’unanimité si ce n’est contre lui-même. C’est un processus long de recomposition qui se construit étape après étape, au gré des circonstances et de l’ampleur ou non des défaites et des victoires.

     

    Bien entendu, il y a l’exception ultime, la « Bessonade », qui est un retournement complet de veste en passant d’un cheval à un autre à un mètre de la ligne d’arrivée. Mais le cas est rare, et même risqué : se griller complètement dans son camp sans rien obtenir dans l’autre.

     

    Il reste donc la stratégie à long terme, matinée d’une tactique propice à rectifier les erreurs de parcours ou à épouser la conjoncture.

     

    Ce sont les grandes et les petites manœuvres qui se jouent sous nos yeux, dans tous les camps, dans tous les partis, dont les commentateurs se délectent, dont certains acteurs jouissent par le seul fait de les réaliser plus que par le désir de la victoire. Une addiction semblable à la folie du jeu.

     

    Mais la partie peut s’arrêter très vite, un scandale et tout s’écroule, une défaite et la cause est perdue. DSK et ses amis, Nicolas Hulot et ses soutiens, par exemple, en ont fait récemment l’amère expérience. D’autres s’accrochent en maintenant un cap qui jusqu’ici s’est dérobé systématiquement, comme le parcours de François Bayrou semble le démontrer. Mais après tout, Mitterrand et Chirac ont connu quelques gamelles avant d’accéder à la magistrature suprême…

     

    En effet, il ne faut pas croire que le choix du mauvais cheval vous condamne éternellement : prenons Nicolas Sarkozy. En 1995, il choisit Balladur, en tapant très fort sur Jacques Chirac. Patatras, c’est ce dernier qui gagne, Sarkozy disparaît des écrans. Mais quelques années plus tard, il revient, se rend indispensable dans son camp (en flinguant toute concurrence faut il l’avouer) et gagne en 2007.

     

    A vous de jouer, avec un dernier conseil à la clé, si la matière vous intéresse : si le parieur du PMU lit « Paris Turf », le joueur en politique lit le « Canard Enchaîné ». Chacun sa presse spécialisée…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 11 : la mer, qu'on voit danser...

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    Le néo-breton a fait un tour chez un géant suédois pour meubler sa maison. Mais il n'a pas le coeur à l'ouvrage...

    La pointe du raz, la baie d’Audierne ou encore celle de Douarnenez, à quelques encablures, les festivals de musiques qui s’enchainent pas très loin non plus, un soleil à faire pâlir Marbella, le néo-breton aurait de quoi profiter de ses premières semaines sans s’ennuyer une seule seconde. Mais…mais quelques mètres cubes d’un meccano suédois l’attendent, accompagnés de quelques surprises plus ou moins désagréables, qui soit disant font le sel de la vie, manière de se rassurer et d’oublier qu’on serait bien mieux ailleurs qu’à gérer ces embrouilles.

    Pour se motiver avant d’attaquer le chantier, le chroniqueur se décide malgré tout à faire un tour du côté de l’océan, humer quelques embruns, mettre un orteil dans l’eau mais pas plus (pas par manque de temps mais 16° est une température à laquelle il va avoir toutes les peines du monde à s’habituer). Il a fait le trajet en un quart d’heure, a trouvé une place rapidement et se retrouve sur une plage clairsemée, avec vue sur voiliers et rochers pénétrant l’océan. Le bonheur n’est pas dans le pré mais bien dans cette petite crique. Certes, ce ne sera pas farniente à la sauce méditerranéenne, l’Atlantique et la Bretagne ont ce climat océanique qui ne donne pas des hivers rigoureux mais contrepartie à payer, la température reste fraiche, même au plus fort de l’été. Le naturisme n’y est d’ailleurs pas aussi développé qu’ailleurs, non par une pudibonderie qu’une culture catholique passée aurait imposée mais bien par la nécessité de se couvrir décemment pour ne pas tomber malade.

    Devant l’océan, le néo-breton savoure cet instant, le calme et la quiétude avant les nombreuses autres étapes qu’impliquent son emménagement et sa nouvelle vie.

    Les orteils touchés par les vagues, le champ des possibles lui saute à la figure : se remettre à la voile, enfin s’y mettre parce qu’une semaine de stage d’optimiste en CE2 ne fait pas du chroniqueur un loup de mer ; le surf, depuis « Point Break », ça le titille, même si son sens de l’équilibre est précaire et que le goût du danger n’est pas dans sa nature ; et puis, soyons fou, pourquoi ne pas rêver de venir courir toutes les semaines le long du sentier des douaniers. Le chroniqueur rêve éveillé… mais ce charmant tableau s’écroule lorsque son aîné lui demande de rentrer à la maison séance tenante, pour cause de Bob l’éponge contre les araignées de mer. Tabarly et Keanu Reeves s’envolent, le chargé de famille proteste mais la magie n’est plus là, il décide de ramener sa troupe en voyant s’éloigner à regret dans le rétroviseur le fruit de son imagination.Ne reste plus qu’à monter le mobilier stocké dans chacune des pièces pendant que ses enfants s’abrutissent devant une éponge qui parle. Ita Missa Est, il s’inscrira au Winch Club plus tard, dans un an, peut être, enfin, il verra.

    En attendant des jours meilleurs, Fest-noz et Fest-Deiz tout le weekend : concert de vis, marteau et jurons, entrecoupé de pauses arrosées à la bière Bretonne. Ça tombe bien, les brasseurs sont nombreux et le breuvage aussi varié qu’excellent. De la Tri Martolod à la Coreff en passant par la Mor Braz, le néo-breton pourra découvrir un terroir singulier. Et s’il veut rester sobre, il y aura toujours les deux colas bretons, Breizh et Britt. En matière d’apéro, la Bretagne pourrait affronter l’indépendance sans avoir peur d’un embargo : elle autoproduit !

    Mais croire que monter quelques meubles suffit à être installé, c’est faire preuve d’une naïveté certaine. Le temps des changements d’adresse arrive, et avec lui son lot de surprises et d’arrachage de cheveux que la multiplicité des administrations et entreprises à contacter va exacerber… Le néo-breton va découvrir, en pétard, que si la République est une et indivisible, ses dossiers administratifs sont départementaux et qu’à l’heure de la dématérialisation, il n’a jamais eu autant de papier et de courrier à envoyer…

     

  • Ma petite entreprise contre la crise

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    A la lecture des journaux, à la vue des débats télévisés, le chroniqueur se dit que lui aussi a le droit de donner son point de vue. Tout un chacun s’y essaie, avec plus ou moins de succès, alors pourquoi pas lui. Aussi, il sollicite votre bienveillante attention dans la réponse qu’il va tenter de faire à cette question : comment sortir d’une crise aussi profonde et merdique que celle qui se développe sous nos yeux ?

    Question difficile sur laquelle de nombreuses dents (et vu l’âge de certains, de nombreux dentiers) se sont cassées, qui voit s’affronter une lutte des classes qui ne dit pas son nom entre ceux qui ont un peu à perdre et ceux qui ont déjà tout perdu mais à qui on cherche encore à faire les poches, au cas où il resterait un petit truc à se mettre sous la dent.

     

    Rien que le nom de la crise est déjà empreint d’une charge pas si objective que cela : c’est une crise de la dette. Même s’il est vrai que celle-ci détient un poids prépondérant dans le contexte actuel, l’intitulé permet de se focaliser non pas tant sur les causes que sur les supposés traitements à proposer pour sortir de la panade. Le message est répété sans cesse : nous sommes endettés, il n’y a plus d’argent, la fête est terminée.

    Comment rembourser tant de dettes quand les déficits se multiplient, que la croissance frôle le zéro pointé et que le monde de la finance semble jouer à la roulette belge avec la population mondiale ?

     

    Il y a la méthode expérimentée en Grèce : tondre un peu plus le mouton, presser le citron jusqu’à obtenir…son appauvrissement, sa découpe réglée et l’engraissement d’un secteur qui avait lui-même joué avec le feu. C’est la voie qu’empruntent la plupart des gouvernements, une cure d’austérité, qui va tailler dans les services publics et les programmes sociaux, ponctionner un peu plus ceux dont le pouvoir d’achat est déjà en berne avec pour conséquence de mettre à feu et à sang les économies, les peuples, les Etats. La dette sera peut être remboursée rubis sur ongle mais ce sera une victoire à la Pyrrhus pour les gouvernements.

    Pour cette méthode, le choix du bouc émissaire sera l’individu, le contribuable, le numéro au milieu d’autres numéros. Le gagnant sera le rentier, le spéculateur, l’ordre établi.

     

    Il y a une autre voie possible, qui ne permettrait pas de s’en sortir sans y laisser quelques plumes mais qui aurait tout de même le mérite de faire porter le poids de la sortie de crise sur les épaules du plus grand nombre et en particulier sur celles de ceux qui sont à l’origine, d’une manière ou d’une autre de cette crise.

     

    Elle part déjà d’un constat : l’impôt n’est plus progressif depuis longtemps, il n’est même plus proportionnel. Plus on a de revenus, moins on acquitte d’impôts proportionnellement à ce revenu. Les cadeaux fiscaux divers et variés pèsent lourds et ont conduit à alourdir les déficits ces dernières années sans aucun effet sur l’économie, au contraire. Les sommes qui n’ont pas été versées au fisc n’ont pas plus servi à consommer qu’à investir si ce n’est dans des bulles spéculatives. Supprimer les niches et autres trappes à aubaine fiscales, c’est permettre d’améliorer les recettes en renouant avec une équité fiscale et sociale.

     

    Toujours sur le plan fiscal, la proportionnalité en étant remise au goût du jour pourrait être une source de recettes supplémentaires en faisant contribuer les plus privilégiés. Car après tout, même avec un taux d’imposition réel de 50 %, quand on déclare 500 000 €, il reste toujours 250 000 € pour vivre, somme qui permettrait à un grand nombre en général et au chroniqueur particulier de mener une existence plus que décente.

     

    La fiscalité entre travail et patrimoine est aujourd’hui à l’avantage du second, que ce soit dans sa transmission, dans l’augmentation de sa valeur ou pour ce qui est de la circulation des capitaux, une incitation à la spéculation.

    Rétablir des droits de successions conséquents, c’est assurer des recettes et remettre quelques compteurs à zéro pour enrayer ce phénomène de reproduction et d’accentuation des inégalités. Taxer les transactions financières, c’est permettre de faire contribuer un secteur prédateur aux utilités publiques.

     

    Ces quelques mesures pourraient déjà permettre de limiter l’ampleur des déficits et ne pas alourdir le poids de la dette. Bien entendu, des économies dans les dépenses sont toujours possibles mais c’est plus le gâchis, le train de vie dispendieux qui devrait faire l’objet de coupes qu’un service public dont on retient comptablement les coûts sans en voir la plus value pour la société : les palais, les voyages, les fours dans les avions présidentielles, les études et sondages payées pour faire plaisir aux amis, des milliers de petites pistes qui, sans résorber à elles seules le déficit, pourraient alléger le fardeau de la dette tout en permettant à nos élites de découvrir la vraie vie, où tout ne vient pas d’un claquement de doigts.

     

    Mais pour appliquer de telles propositions, il faut du Roosevelt, du Keynes, de la grandeur, une once de folie et une absence totale de désir de carrière politique. Il faut une Europe des citoyens et pas cet Europe des Etats qui en donnant la clé au marché pense pouvoir amener les individus à vouloir vivre ensemble. Il faut vouloir non pas tant mettre au pas l’économie, que lui rappeler que le politique et la société priment, qu’il y a des règles, contraignantes, mais connues de toutes et tous, qui permettent de construire un vivre ensemble et une vie pas trop moche.

    Mais il faut aussi un coup de pouce : l’inflation. Elle seule peut permettre de faire fondre de la dette et au passage, elle seule peut permettre de punir quelques peu ceux qui sont à l’origine de la crise : les banques, les rentiers, les spéculateurs. Mais à manier avec précaution, car elle fait des ravages en rabotant le pouvoir d’achat si les salaires n’augmentent pas. En un mot, elle doit être pilotée. Le pouvoir politique doit s’imposer.

     

    Sur le papier, ces quelques propositions, prises ensembles, pourraient constituer une porte de sortie à la crise. Mais il manque les deux ingrédients les plus importants : la volonté et le courage…Et là, le chroniqueur est bien désemparé…pour pronostiquer d’où le salut viendra.

     

     

  • La rentrée approche, sans conteste...

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    Les vacances touchent à leur fin. La rentrée scolaire qui approche n'est pas la seule preuve. En effet, un indice ne trompe pas : les universités d’été des partis sont de retour. Le marronnier de la fin août va s’afficher sur vos écrans, va envahir vos radios et noircir les pages de vos quotidiens.

    Mais qu’est ce qu’une université d’été : ce n’est plus ni moins que la rentrée politique des partis, sous le couvert de la formation, dans une tenue décontractée. Des vacances studieuses, la rentrée des classes où l’on retrouve ses petits camarades pour une nouvelle année. Une grande année, avec la présidentielle en ligne de mire.

    Après quelques semaines d’abstinence, les querelles vont pouvoir reprendre de plus belle entre les différentes écuries. Les journalistes, entre deux plats de langoustines ou d’autres spécialités régionales selon le lieu de ladite université, vont pouvoir noter les bons mots et les coups bas assénés par les ténors des partis, qui ont eu tout le loisir de trouver la phrase qui tue au bord de la plage.

    Souvent, il ne reste de ces universités d’été que ces quelques mots que l’on retrouve compilé dans le « canard enchaîné ». Pourtant, derrière la façade des coups bas, c’est autre chose qui se trame dans ces lieux de débats : la doxa des partis pour l’année y est débattue, les rapports de force se jaugent, les troupes sont remotivées, l’esprit de corps partisan est rappelé.

    Mais pourquoi nommer ces raouts université d’été : tout simplement parce que ces journées ont pour but d'apprendre, d'approfondir ou de réfléchir aux projets du parti en question dans un cadre informel et détendu.

    C’est d’ailleurs grâce à ces formations que le financement de ces rassemblements est partiellement assuré : les détenteurs d’un mandat local ou national ont un droit à la formation. En s’inscrivant aux ateliers dispensés par des organismes agrées, souvent proches du parti, ils peuvent bénéficier de la prise en charge du séjour par la collectivité dont ils sont élus. Les formateurs et les intervenants, souvent proches du parti sont eux-mêmes défrayés sur le prix de ces formations. Pour certains, une université d’été, c’est comme un séminaire dans une boîte : trois jours de vacances au frais de la princesse. Mais pour la plupart, déboursant de leurs poches le côut du voyage et de l'hébergement, c’est surtout l’occasion de côtoyer les stars du parti, faire une jolie photo avec l'un deux et s’il reste un peu de temps, apprendre deux trois trucs à répéter sur les marchés.

    Reste que cette année, il ne fera pas bon s’afficher bon teint et bronzé sur les écrans, alors que le retour de la récession menace. Sans compter que les prétendants à la succession de Nicolas Sarkozy en 2012 vont regarder les autres en chien de faïence pour savoir qui lancera les hostilités de la présidentielle, au risque de partir trop tôt ou à la faute…

    Comme dirait l’autre, va y avoir du sport…

  • Arrêtons de faire prendre des vessies pour des lanternes...

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    En politique, faire prendre des vessies pour des lanternes est un art que certains personnages maîtrisent avec plus ou moins de brio. Ces derniers temps, les sujets ne manquent pas, il n’est qu’à voir la crise financière et les algues vertes. Quel rapport me direz-vous si ce n’est que le chroniqueur est finistérien et ne peut s’empêcher de remettre sur le tapis un sujet breton ?

    Justement, dans les deux cas, c’est bien la responsabilité des fauteurs des troubles que Nicolas Sarkozy et ses copains tentent de faire oublier, et mieux, plutôt que de chercher à résoudre les crises en s’attaquant aux causes, ce sont les conséquences qui sont dans le viseur.

    Dans le cas de la crise financière, qui est devenue une crise tout court, depuis que la finance a repris du poil qu’elle a tondu sur la bête, la spéculation, le système bancaire, les traders, les hedge funds, les paradis fiscaux et tous ce qui pourraient s’en rapprocher ont conduit au désastre qui n’en finit plus de s’étendre. Le chômage gonfle, les croissances sont si molles qu’elles flirtent avec la récession, la paupérisation s’accentue mais l’endettement des Etats, qui a sauvé la clique financière et permis de ne pas se faire le remake de la crise de 29, est maintenant attaqué par tout ce que la finance compte de prédateurs. Pour spéculer, à grande échelle, aucun risque ne doit être pris à la différence du petit boursicoteur qui peut bien perdre ses maigres économies en un clic. Dédouanés et retrouvant avec allégresse et une certaine euphorie des profits et des bonus éhontés, le système financier rallume la mèche que les pompiers de service ont eu toutes les peines du monde à circonscrire.

    Et que font les dits pompiers de service, qui n’ont exigé que de maigres garanties du type « gentlemen agreement » pour toute contrepartie du sauvetage : ils mettent le doigt sur la couture et se mettent au garde à vous des salles de marchés et des agences de notation. Alors que les grands de ce monde pourraient se mettre autour d’une table et les mettre au pas en rappelant que toute spéculation comporte le risque de perdre sa mise, comme au casino, la grande saignée va être pratiquée. Tailler dans les dépenses publiques pour mieux rembourser une dette dont le véritable débiteur est aujourd’hui exonéré. Mais par une perversion manifeste, c’est en stigmatisant les populations qui n’avaient rien demandé de tel que l’opération est réalisée. Les braves individus sauvant par leurs impôts le Léviathan libéral sont devenus par la force du discours de vilaines cigales qu’il est temps de remettre à la frugalité.

    Les agences de notation s’amusent comme des petites folles : elles qui n’avaient pas osé mettre des notes désastreuses sur les banques avec leurs actifs pourris tirent à vue sur les comptes des Etats. Il n’y a pas de morale, mais y en a-t-il eu seulement un jour.

    Deuxième exemple d’un travail de sape de la réalité, il s’agit des algues vertes. Dix huit sangliers sont retrouvés morts sur une plage et les autorités de l’Etat tentent de jouer la montre pour ne pas à avoir à traiter l’odieuse vérité : les algues tuent, et elles sont le produit d’une politique agricole désastreuse en Bretagne. Au mieux, l’Etat débloquera quelques fonds pour nettoyer ces algues, histoire de ne pas trop importuner l’autochtone et le touriste tout en préservant de la colère le représentant de cette agriculture intensive et productiviste lors du prochain dîner.

    Rappel des faits, les rejets des porcheries et autres étables à animaux, tout comme la dispersion d’engrais à outrance dans les champs saturent les sols de nitrates, qui se retrouvent dans les nappes, cours d’eau et pour finir en mer. L’eau n’est plus potable, les cours d’eau sont pollués et provoquent l’apparition d’algues que ce concentré de nitrates booste encore mieux qu’un coureur du tour de France après une prise d’EPO. Tout est scientifiquement prouvé sans qu’aucune contestation sérieuse ne vienne remettre en cause tout cela (à l’exception des lobbys agricoles qui s’agitent par une communication tout azimut). Tout le monde connaît la solution : passer sur un modèle agricole plus soutenable, utilisant moins d’intrant azoté, en réglementant et limitant réellement l’élevage intensif des porcs, vaches et autres animaux d’élevage. Pour cela, une transition et un accompagnement de toutes les filières sont nécessaires, même les « intégristes » écolo que stigmatise Nicolas Sarkozy le savent.

    Pourtant rien n’avance réellement, et la dernière prise de parole du président de la République en Presqu’île de Crozon avait même tout du plaidoyer de l’avocat qui défend l’accusation. Tout au plus, l’Etat donnera l’aumône en envoyant deux ou trois tracteurs pour nettoyer les plages.

    En étant outrancier, le politique cherche à déplacer le problème pour ne pas avoir à s’y frotter. La culpabilité est renversée dans une diatribe périlleuse, ce n’est plus le modèle agricole mais la population qui ne sait pas apprécier une eau polluée et des plages mortelles ! Cette même population devra passer à la caisse pour dépolluer les sols et les eaux, et en silence s’il vous plaît…

    Si cela venait à se passer du côté du Cap Nègre et du fort de Brégançon, il n’est pas sur que Nicolas Sarkozy tienne le même discours, allez savoir pourquoi ?...

    Pourtant, cette art de faire passer des vessies pour des lanternes connaît une certaine limite lorsque le niveau d’exaspération, autrement appelé, seuil du « foutage de gueule » est atteint. Quand va t'on franchir ce fameux seuil, si ce n'est déjà le cas…