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chronique - Page 11

  • Je voulais être Président…

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    émission télévision.jpgLa politique est devenue un bien de consommation comme un autre. Si elle ne l’était pas déjà. Le paroxysme sera atteint en avril, non pas au détour de la présidentielle, mais avec la diffusion sur France 4 d’un télé-crochet pour recruter les stars politiques de demain. Un jury, composé d’éminents chroniqueurs et analystes politiques, a accepté de se compromettre, sous couvert de la vague remise de propositions, dans ce nouvel avatar de la télé-réalité, pour une émission unique derrière laquelle se cache l’ineffable Marc-Olivier Fogiel, qui avec son meilleur ennemi Thierry Ardisson ont introduit en France l’entertainment dans la communication politique.

     De jeunes pousses viendront concourir, non pas pour persuader l’électorat mais le jury qu’elles sont les meilleures d’entre eux, ayant bien compris qu’aujourd’hui, plus qu’hier, les faiseurs de roi se recrutent du côté des médias. La politique ne serait plus tant une affaire de convictions personnelles et collectives pour se mettre au service des autres qu’une carrière à réaliser à la manière d’un chanteur, d’un danseur ou autre star du show-biz. Vous me direz, qu’est-ce que ça change en pratique quand la majorité du personnel politique en place nationalement est déjà dans ce cas, certains n’ayant jamais fait autre chose dans leur vie que cumuler des mandats comme d’autres collectionnent les trophées ? Pas grand-chose et pourtant presque tout en même temps. Les jeunes loups aux dents qui rayent le parquet ne prennent même plus la peine de cacher un tant soit peu leurs ambitions, qui avait au moins la vertu d’obliger à une humilité protectrice. Une niche est à pourvoir, réussir, être le premier de son parti, et bientôt remplir un Zénith et un égo surdimensionné.

    Devant ce jury, l’exercice de style sera de mise, le fond n’étant là qu’au service de la forme et d’une stratégie de conquête du pouvoir. Une forme de vérité est mise à nu, et elle fait mal à tous ceux qui pensent encore que l’engagement politique est noble, qu’il n’a pas comme finalité un métier mais qu’il est au contraire une manière de participer à la construction d’une certaine vision, d’un modèle de société pour tous. C’est l’implication du citoyen dans les affaires de la cité. Ce que la plupart de ceux qui s’engagent, d’une manière ou d’une autre recherchent. Mais la victoire est totale pour la petite minorité arriviste qui monétise la fonction politique à son seul profit. La relation incestueuse entre les médias et cette caste est révélée au grand jour : analystes, publicitaires politiques font les politiques qui le leur rendent bien en faisant des premiers nommés ce qu’ils sont. Un échange de bons procédés qui ne se soucie guère de l’électeur, qui n’est en définitive qu’un consommateur qu’il faut convaincre de choisir sa crémerie.

    La seule solution pour contrer ce phénomène vieux comme le monde, la captation des fonctions électives par une poignée, c’est bien de forcer le destin en limitant le cumul des mandats, en nombre et dans le temps. Un mandat unique, une fonction limitée dans le temps, voilà qui devrait limer quelques canines, tempérer quelques ardeurs et amener un peu de sang frais à la classe politique sans avoir à organiser de télé-crochet… Si la politique redevient un sacrifice, ceux qui y voient une opportunité de célébrité et de carrière n’auront plus qu’à se tourner derrière les fourneaux d’un Masterchef ou les micros d’une Nouvelle Star… Tout un programme…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 18, la corvée du jardin d'éden

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    jardinage.jpgLe néo-breton a succombé au mythe de la maison avec jardin. Après Paris, l’espace conquis est jouissif. De son salon où il n’est plus obligé de dormir, il peut contempler la verdure et la quiétude de son jardin. La pelouse est taillée à ras, les haies coupées au carré, il n’y a qu’à se laisser porter par la douceur, en descendant une chaise longue sous la tonnelle, un bon bouquin et les oiseaux qui chantent sur les plus hautes branches des arbres. Le bonheur est dans le pré, avec un soupçon d’air marin que porte la marée…

    Joli tableau qui va se faner à mesure que dame nature va reprendre ses droits : passées quelques semaines, la si belle et verdoyante pelouse n’est en fait qu’un champ de luzerne, les arbustes repoussent dans une anarchie pas même esthétique, les feuilles mortes se ramassent à la pelle avant même qu’elles aient eu le temps d’apparaitre au printemps. Se demandant à quel saint se vouer, le chroniqueur se reprend pourtant. Non, il ne se laissera certainement pas dicter sa vie par le genre chlorophyllé !  Un plan d’attaque est nécessaire qui reposera sur les quatre éléments fondamentaux de l’entretien du jardin : un guide complet pour éviter de transformer une coupe en massacre, du matériel approprié, de l’huile de coude et last but not least, le sacrifice d’un début de weekend ou de congés. Après une semaine de boulot, il paraît que ça détend. C’est partiellement vrai mais ça relève globalement de la méthode Coué.

    Avant de passer aux travaux pratiques, le néo-breton va néanmoins devoir passer, une nouvelle fois, à la caisse. Le mythe de la maison individuelle est un puits sans fond que l’on découvre à ses dépens.

    Le matériel de base du parfait petit jardinier est composé d’une tondeuse, d’un coupe-bordure, d’un râteau, d’un taille-haies, d’un escabeau, de sacs pour remplir ce qu’il aura ôté, d’une rallonge et d’une cabane de jardin. En définitive, ce n’est donc pas tant la pelouse qui est tondu que le portefeuille du néo-breton.

    A ce stade de l’histoire, le chroniqueur n’en a pas cru ses yeux. En poussant la porte d’un magasin spécialisé, il est entré en terre inconnue pour lui mais luxuriante pour les amateurs du genre : le jardin, son entretien, constituent un phénomène culturel, social et pour une large part économique insoupçonné qu’une visite rapide d’un détaillant de presse aurait pourtant démystifié. La diversité des titres consacrés au jardinage n’a d’égal que le nombre des émissions télévisées qui sont dévolues à la chose.

     

    Devant ses yeux ébahis, une succession de tondeuses se présente : il est presque plus difficile de choisir ce genre de matériel qu’une automobile. Entre la mécanique, l’électrique et la thermique, une première fracture s’opère. Fibre plus ou moins écolo, surface à tondre, qualité de la tonte, des dizaines de facteurs à intégrer pour aboutir à la solution d’une équation à laquelle tente de participer et d’influer les enfants du néo-breton : papa, prends le tracteur, il est génial… Le refus paternel entraînant illico ce que dans le jargon on appelle un tirage de gueule couplé à un trainage des pieds qui vont durer quelques heures pour les plus chanceux, toute la vie dans quelques cas fort heureusement très minoritaires..

    Le vendeur essaie de placer le produit qui va au-delà de vos besoins, vous cherchez à vous en tirer à bon compte. Le match est serré, et devant vos refus poli, le vendeur invoquera les termes quasi-scientifiques de la tonte, surface à traiter, déclivité et qualité du terrain, de l’herbe, arrosage puis en procédant à un calcul ésotérique sur le besoin  présumé…pour aboutir à un match nul. Vous ne prenez pas le tracteur ou le modèle le plus onéreux mais repartez tout de même avec une tondeuse électrique autoportée avec fonction  « mulshing » censée vous épargner de la corvée de ramassage de la tonte tout en enrichissant votre pelouse. En pratique, cette fonction gadget ne pourra être utilisée au mieux qu’une fois sur quatre et vous vous rendrez compte que dans cette région quatre à cinq tontes annuelles sont bien suffisantes… La suite des courses sera du même calibre et la note sera plus salée qu’un caramel au beurre breton.

     

    Devant les cartons déballés, vous voilà fin prêt à entrer définitivement dans l’ère du mythe pavillonnaire.

    C’est dimanche, il est dix heures, la tondeuse est dans les startings blocks : vous lancez la bête mais au bout de cinq minutes un de vos voisins débarque, gêné : vous êtes de la ville, vous savez surement pas mais il y a l’usage et même la loi. Et l’usage, la loi, c’est que le dimanche, c’est la trêve des confiseurs. Vous l’aviez remarqué pour le commerce, vous le redécouvrez pour les travaux du jardin : le dimanche, l’oisiveté est permise. La Bretagne ça vous gagne qu’on vous disait !

     

    Mais ce n’est que partie remise, il faudra être sur le pied de guerre dès le samedi matin suivant, pour participer au ballet bruyant des coupeuses d’herbe sous le pied, chaque propriétaire de carré de pelouse se retrouvant à exécuter, de manière fort peu original, la même tache dans une cacophonie solitaire.

    Tonte, ramassage… Le jardin est fin prêt, pour un combiné barbecue-après-midi chaise longue. C’est en général une fois la tondeuse remisée, qu’en vertu de la théorie de l’emmerdement maximum, le ciel va se couvrir, la température va tomber et qu’une fine pluie va faire son apparition. Le néo-breton va pouvoir sortir la crêpière et admirer son jardin…depuis le salon. Mais qu’il se rassure, dès le lundi, le soleil sera de retour…

  • Conjecture toulousaine...

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    Liste-des-candidats-a-la-presidentielle-2012.jpgLa conjecture. La conjecture est une hypothèse qui n’a pas reçu encore de confirmation. Elle est réapparue avec force depuis quelques jours. Rapport à ce qui se passe à Toulouse. A la lecture rétrospective des journaux (faites le test, garder-les, replongez-vous y, surtout les éditoriaux, qui sont peuplés de conjectures qui s’invalident une fois sur deux après coup) ou le visionnage des reportages télé, nous sommes allés et nous allons de conjecture en conjecture. Il faut occuper le terrain, l’espace, le temps, le papier, l’antenne et pour ce faire, il faut de la conjecture. Tout le monde peut apporter de la conjecture. Le journaliste, le témoin, l’ami d’enfance, le procureur, la police, le ministre de l’intérieur, le quidam pris au hasard dans la rue. 

    La réalité est devenue pareille à une série TV policière dans laquelle tous les points de vue sont évoqués. Le spectateur est omniscient dans une série télé. Le citoyen, le lecteur, le téléspectateur l’est devenu dans la vraie vie. La remontée de la piste du tueur, expliquée avec schémas à l’appui, les hypothèses, avec l’apparence de la certitude, exprimées par les enquêteurs et la hiérarchie de la justice, sous couvert d’anonymat ou pas, font ressembler notre société à un épisode des Experts ou de 24 Heures Chrono.

    Le siège du tueur présumé entretient un suspense où la conjecture a toute sa place. Si les forces de police n’interviennent pas c’est que 1) il y a une bombe, donc c’est dangereux 2) pour faire tenir le plus longtemps possible l’unité nationale en ces temps de présidentielle 3) pour éviter la bavure qui posera plus de questions qu’elle n’en résoudra 4) il n’y a pas de tueur présumé (la théorie du complot 5) …le nombre de conjecture peut être multiplié à l’infini.

    L’émotion est galvanisée, les discours grandiloquents se succèdent, les rassemblements s’organisent, les théories les plus hétérodoxes foisonnent, en pleine présidentielle, chacun y va de sa larme, de son incompréhension, de son explication. Les victimes et leurs familles ne sont finalement plus que les pièces d’un puzzle plus complexe. Les peurs, sur un terreau fertile, remontent à la surface et les uns et les autres surfent allègrement dessus pour en tirer parti.

    Le tueur était-il le maillon d’une chaîne terroriste, était-ce un illuminé qui s’est construit son scénario meurtrier tout seul dans son coin, les conjectures vont bon train, elles permettent de servir le discours de l’un ou l’autre des candidats selon le message qu’il souhaite faire passer en permettant de prolonger les plateaux télé squattés par les experts qui se succèdent sans interruption.

    Au final, à qui profite les crimes ? Après tout, j’ai bien le droit d’y aller de mes conjectures, je suis diplômé es Bar-Tabac-PMU, qui constitue l’élite de l’expertise du café du commerce.

    Le Président sortant, sans conteste, qui ramait dans les sondages, ses sujets de prédilection, la sécurité et la peur ne fonctionnant pas, la population s’inquiétant plutôt des perspectives économiques et sociales. Avec cette affaire, le voilà servi, campagne suspendu, il redevient Président, les autres candidats l’écoutant lors des obsèques des militaires, l’image a du provoquer un début d’érection dans l’état-major de Nicolas Sarkozy, qui lui-même n’a pu s’empêcher depuis de faire du Sarkozy en proposant une nouvelle loi dans le code pénal relative à l’endoctrinement sur le mode, un crime, une loi. L’UMP va tout miser sur cette séquence particulière de la présidentielle et surfer sur l’émotion suscitée, y compris dans les aspects les plus sordides. Mon petit doigt me dit que chaque jour, une nouvelle révélation sera lâchée dans la presse, occupant ainsi les esprits à autre chose qu’au fond de la présidentielle.

    Marine le Pen de son côté n’attendait que ça pour relancer sa campagne, un bon gros fait divers qui encourage le rouge qui tâche qui sommeille en chaque être humain. Elle n’a qu’à ramasser.

    Pour les autres candidats, il va falloir remonter le courant. Et ramer pour replacer les thèmes des débats de la présidentielle qui prévalaient jusqu’alors. Psychologiquement, c’est dur, médiatiquement c’est compliqué, mais après tout, ce ne sont là que des conjectures…

  • Chroniques d'un jeune parent, de l'esclavage légalisé comme mode de vie, le weekend, le repas......

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    chronique, humour, jeune parent, repas, champ de ruine, friteLe retour à la maison pour procéder au rangement des courses constitue un moment de calme, à condition que les sacs ne renferment pas une de ces crèmes chocolatées pour qui tout le monde se lève et que la descendance va immanquablement vouloir déguster alors que le repas se prépare à peine. Il va être nécessaire de la jouer fine pour que le caprice ne fasse pas son apparition– car l’enfant, rappelons-le, n’a pas un surmoi très développé, ce surmoi qui permet à l’adulte d’accepter les conventions sociales et de mettre la réalisation instantanée de ses désirs sous le boisseau, de baisser la tête devant l’autorité ou encore d’être conduit par le principe du conformisme, qui n’est pas synonyme de réalisme et de pragmatisme loin s’en faut, mais si vous insistez, peut-être un jour, l’auteur de ces lignes reviendra sur ces quelques notions…

    Le repas du midi approche, il faut lâcher un peu de lest, c’est le moment de sortir un atout de choc, les fameuses frites ou à défaut la plâtrée de pâtes qui ne vous prendra jamais en traitre. Pour l’enfant, à l’image du genre masculin adulte, la pomme de terre, les pâtes ou encore le riz font partie du tableau officiel des légumes, au grand dam du genre féminin qui conteste cette approche scientifique sans pour autant apporter de preuves concrètes si ce n’est quelques pages de manuels de nutrition et autres bonnes feuilles de régime. Quand on voit comment les modes passent en matière de régime, ce qui était porté au firmament hier étant descendu en flèche après une saison, permettez-moi de douter de cette classification douteuse qui ostracise les féculents.

    Pour contrebalancer les gros yeux de la maman, il faudra cependant penser à bien commencer le repas par quelques crudités, la carotte râpée étant le must en la matière. Ainsi, le repas pourra se dérouler dans la joie, la bonne humeur, et sans qu’un sentiment de culpabilité ne pèse sur les épaules des parents. L’enfant est ravi de croquer ses frites mais soyez conscient que vous avez grillé une cartouche que vous ne pourrez plus utiliser du weekend. L’éducation alimentaire implique la diversité, ouvrir les portes des bonheurs gustatifs une forme de combat pour imposer à la table légumes d’hier et d’aujourd’hui, à moins de rendre les armes et de tomber dans l’excès de la malbouffe, triste signe d’une américanisation qui fait exploser l’obésité dès le plus jeune âge, avec son cortège de diabète précoce, de railleries, de mal être et tout ce qui s’ensuit.

    Les prochains repas, une fois la frite passée, devront contenir une sacrée dose de vert, ce qui fera d’une pierre deux coups, le paternel rédécouvrant la richesse de nos potagers au passage. En cachette, il pourra aller se faire un fast-food dans la semaine, sur le repas du midi, prétextant une obligation de manger en deux-deux… Dans l’éducation, si tout n’est pas affaire de façade, les apparences comptent et la morale doit être sauve…

    A évoquer le repas, autant mettre en garde les gardiens de l’ordre et les ayatollahs de la propreté : les débuts de l’apprentissage pour apprendre à manger à un enfant sont un cataclysme. Rien n’est plus drôle que de mettre ses mains dans la purée d’artichaut puis d’en maculer la chemise, le tailleur ou encore le pull tout neuf des parents. Renverser l’assiette, jeter la cuillère au loin, l’imagination n’a pas de limite pour transformer une table en un champ de ruines. A moins de recouvrir l’enfant d’un sac poubelle, à l’exception de la tête bien entendu (mais vous l’aurez deviné de vous-même), la corvée lessive suivra l’activité repas.

    chronique, humour, jeune parent, repas, champ de ruine, frite L’enfant se tache, c’est inhérent à sa condition humaine, aussi sur que deux et deux font quatre. Et le périmètre de sécurité devra être d’autant plus étendu que nous aurons affaire à des denrées de type grains de riz, semoule, lentilles et autres objet de quelques millimètres tout au plus. Le chocolat et la sauce tomate produisent également des taches artistiquement intéressantes et l’enfant n’aura de cesse d’explorer des terrains nouveaux et d’éprouver la résistance et la patience de ses parents. Pour sa part, l’auteur de ces lignes peut vous le confier, il a découvert en lui-même des ressorts de patience qu’il n’aurait pas soupçonné, mais de là à dire qu’élever un enfant est une sorte d’exploration méditative de soi-même, c’est une affirmation qu’il vous laisse formuler, faut pas déconner quand même.

    La Danette terminée, dont la moitié étalée entre la table, le visage et le pull, la progéniture est prête pour le nouveau bras de fer, la sieste. Alors que l’adulte ne rêve que de pouvoir s’adonner à cette saine activité que le monde professionnel ne reconnaît pas à sa juste valeur, si nous mettons de côté quelques administrations, l’enfant refuse souvent cette option obligatoire, plus particulièrement les jours où il en aurait le plus besoin lui-même ou ses parents…



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  • Chroniques d'un jeune parent, de l'esclavage légalisé comme mode de vie : le weekend

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    chronique, humour, jeune parent, weekend, television, doraDans la vie d’avant, le weekend était ce temps béni, pareil à l’Eden, où rien n’était à programmer, presque tous les possibles s’ouvraient chaque fin de semaine, même si souvent aucun n’était exploré.  Sorties, petits voyages, cinéma, luxure ou au contraire oisiveté assumée au fond du lit et du canapé, à se regarder une saison complète de 24 heures ou de Dexter…Mais oubliez tout ce qui vient d’être décrit.

    Avec l’arrivée des enfants, le programme est chamboulé, ou plus exactement il devient impératif d’en avoir un puisque c’est le rythme de l’enfant, la satisfaction de ses besoins primaires, et, à nouveau, l’intendance qui vont dicter l’armature de l’organisation : lever, heure de déjeuner, sieste, diner, coucher. Tout va tourner autour de ces quelques étapes entre lesquelles il faudra caser le remplissage du frigo pour la semaine, la corvée de linge nécessaire pour réduire la montagne qui se forme sans fin, un brin de nettoyage pour ne pas transformer le logis en annexe de la maison des trois petits cochons, les impératifs familiaux qui se renforcent avec les récurrentes et plus ou moins espacées visites grand-parentales, et autres branches de l’arbre généalogique, les impératifs professionnels qui tombent sans crier gare et quelques autres bricoles non prévues. Notons, au passage, que le lever aux aurores imposé par les enfants offre une plage horaire plus conséquente pour faire tenir toutes ces tâches. Ainsi, en étant sur le pont dès 7h30, vous avez le temps de caser la corvée de linge jusqu’à l’ouverture du supermarché le samedi matin. Ça n’a l’air de rien mais c’est toujours ça de pris.

    A ce stade de la chronique, retenez un concept sur lequel nous aurons l’occasion de revenir : l’optimisation du temps. C’est une quête perpétuelle qui peut servir également en dehors du champ familial, ce qui n’est pas négligeable dans un CV. Malheureusement, la majorité des employeurs ne voient que les aspects négatifs dans le fait d’avoir des collaborateurs avec des enfants. C’est dommage, ils passent à côté de nombreuses qualités inhérentes à la fonction de parent sont une vraie plus-value pour une entreprise. Mais ce n’est pas le cœur du sujet de la présente chronique, peut-être y reviendrons nous un jour…ou pas. Revenons dès lors à nos moutons. Donc, 7h30 un samedi matin, la journée commence, le petit déjeuner peut être pris dans un calme relatif même si le premier combat va débuter sous peu, roulement de tambours à l’appui : papa, maman, je peux regarder des dessins animées ? Ou pour les plus petits au travers d’une seule onomatopée  « OUI-OUI », la télécommande à la main !?...

    La télévision est à la fois le pire ennemi et un allié de taille pour le parent. Elle permet de gagner quelques minutes de paix, voire de prolonger la nuit d’une heure ou deux, Mickey et compagnies faisant office de nounou d’appoint, pour le modique coût de la redevance télévisuelle. Mais le revers de la médaille est terrible, même dans le cas d’une consommation très modérée, voire quasiment inexistante. L’enfant, sous l’influence de la télévision devient un junkie à culottes courtes. Point de tabac, de cocaïne ou d’alcool en cause, mais le résultat est le même, une véritable addiction aux lignes colorées animées représentant si possible des animaux qui parlent. La difficulté surgit lorsqu’il faut décoller les yeux de l’enfant de l’écran, le regard bovin fait place à des éclairs sombres, signe manifeste d’une dépendance incontrôlée. Les symptômes de manque sont terribles : cris aigues, pleurs sans fin, coups de pied, coloration écarlate du visage. Le petit ange se transforme en une bête féroce n’ayant plus qu’un objectif, une idée en tête et un mot à la bouche : Télé…

    Le ver est dans le fruit, et face à Dora l’exploratrice, vous ne tenez pas la comparaison, vous n’existez plus ou pire, vous devenez l’ignoble monstre qui veut l’écarter de sa nouvelle idole, dont il vous demande de passer encore et encore le DVD (l’enfant est monomaniaque, il a des phases, elles peuvent durer un certain temps et je vous le dis tout de suite, c’est insupportable, le salon se transformant en une salle d’interrogatoire de Guantanamo, un simple DVD un instrument sophistiqué de torture psychique). Si vous cédez, vous êtes dans le pétrin pour les vingt prochaines années, la progéniture vous mangera sur la tête tout le temps, avec le risque non négligeable de créer un Frankenstein des temps modernes, un corps d’humain avec une tête d’abruti. Mais vous gagnez une quelques minutes de silence et de quiétude tout de suite...

    A priori, comme ça le choix est facile, la fermeté, quelques minutes de pleurs et il vous remerciera plus tard et vous vous serez épargné des difficultés insurmontables pour des lendemains qui déchantent. En pratique, c’est bien plus compliqué que cela. La fatigue, l’inattention, le « c’est pas grave, c’est exceptionnel, ça se reproduira pas» font baisser la garde même aux plus résistants et l’engrenage commence. Impitoyable. Il faut des jours, des semaines, des mois pour redresser la situation. Parfois, il est trop tard. Condoléances…


    (à suivre)



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