La politique est devenue un bien de consommation comme un autre. Si elle ne l’était pas déjà. Le paroxysme sera atteint en avril, non pas au détour de la présidentielle, mais avec la diffusion sur France 4 d’un télé-crochet pour recruter les stars politiques de demain. Un jury, composé d’éminents chroniqueurs et analystes politiques, a accepté de se compromettre, sous couvert de la vague remise de propositions, dans ce nouvel avatar de la télé-réalité, pour une émission unique derrière laquelle se cache l’ineffable Marc-Olivier Fogiel, qui avec son meilleur ennemi Thierry Ardisson ont introduit en France l’entertainment dans la communication politique.
De jeunes pousses viendront concourir, non pas pour persuader l’électorat mais le jury qu’elles sont les meilleures d’entre eux, ayant bien compris qu’aujourd’hui, plus qu’hier, les faiseurs de roi se recrutent du côté des médias. La politique ne serait plus tant une affaire de convictions personnelles et collectives pour se mettre au service des autres qu’une carrière à réaliser à la manière d’un chanteur, d’un danseur ou autre star du show-biz. Vous me direz, qu’est-ce que ça change en pratique quand la majorité du personnel politique en place nationalement est déjà dans ce cas, certains n’ayant jamais fait autre chose dans leur vie que cumuler des mandats comme d’autres collectionnent les trophées ? Pas grand-chose et pourtant presque tout en même temps. Les jeunes loups aux dents qui rayent le parquet ne prennent même plus la peine de cacher un tant soit peu leurs ambitions, qui avait au moins la vertu d’obliger à une humilité protectrice. Une niche est à pourvoir, réussir, être le premier de son parti, et bientôt remplir un Zénith et un égo surdimensionné.
Devant ce jury, l’exercice de style sera de mise, le fond n’étant là qu’au service de la forme et d’une stratégie de conquête du pouvoir. Une forme de vérité est mise à nu, et elle fait mal à tous ceux qui pensent encore que l’engagement politique est noble, qu’il n’a pas comme finalité un métier mais qu’il est au contraire une manière de participer à la construction d’une certaine vision, d’un modèle de société pour tous. C’est l’implication du citoyen dans les affaires de la cité. Ce que la plupart de ceux qui s’engagent, d’une manière ou d’une autre recherchent. Mais la victoire est totale pour la petite minorité arriviste qui monétise la fonction politique à son seul profit. La relation incestueuse entre les médias et cette caste est révélée au grand jour : analystes, publicitaires politiques font les politiques qui le leur rendent bien en faisant des premiers nommés ce qu’ils sont. Un échange de bons procédés qui ne se soucie guère de l’électeur, qui n’est en définitive qu’un consommateur qu’il faut convaincre de choisir sa crémerie.
La seule solution pour contrer ce phénomène vieux comme le monde, la captation des fonctions électives par une poignée, c’est bien de forcer le destin en limitant le cumul des mandats, en nombre et dans le temps. Un mandat unique, une fonction limitée dans le temps, voilà qui devrait limer quelques canines, tempérer quelques ardeurs et amener un peu de sang frais à la classe politique sans avoir à organiser de télé-crochet… Si la politique redevient un sacrifice, ceux qui y voient une opportunité de célébrité et de carrière n’auront plus qu’à se tourner derrière les fourneaux d’un Masterchef ou les micros d’une Nouvelle Star… Tout un programme…
Le néo-breton a succombé au mythe de la maison avec jardin. Après Paris, l’espace conquis est jouissif. De son salon où il n’est plus obligé de dormir, il peut contempler la verdure et la quiétude de son jardin. La pelouse est taillée à ras, les haies coupées au carré, il n’y a qu’à se laisser porter par la douceur, en descendant une chaise longue sous la tonnelle, un bon bouquin et les oiseaux qui chantent sur les plus hautes branches des arbres. Le bonheur est dans le pré, avec un soupçon d’air marin que porte la marée…
La conjecture. La conjecture est une hypothèse qui n’a pas reçu encore de confirmation. Elle est réapparue avec force depuis quelques jours. Rapport à ce qui se passe à Toulouse. A la lecture rétrospective des journaux (faites le test, garder-les, replongez-vous y, surtout les éditoriaux, qui sont peuplés de conjectures qui s’invalident une fois sur deux après coup) ou le visionnage des reportages télé, nous sommes allés et nous allons de conjecture en conjecture. Il faut occuper le terrain, l’espace, le temps, le papier, l’antenne et pour ce faire, il faut de la conjecture. Tout le monde peut apporter de la conjecture. Le journaliste, le témoin, l’ami d’enfance, le procureur, la police, le ministre de l’intérieur, le quidam pris au hasard dans la rue. 
L’enfant se tache, c’est inhérent à sa condition humaine, aussi sur que deux et deux font quatre. Et le périmètre de sécurité devra être d’autant plus étendu que nous aurons affaire à des denrées de type grains de riz, semoule, lentilles et autres objet de quelques millimètres tout au plus. Le chocolat et la sauce tomate produisent également des taches artistiquement intéressantes et l’enfant n’aura de cesse d’explorer des terrains nouveaux et d’éprouver la résistance et la patience de ses parents. Pour sa part, l’auteur de ces lignes peut vous le confier, il a découvert en lui-même des ressorts de patience qu’il n’aurait pas soupçonné, mais de là à dire qu’élever un enfant est une sorte d’exploration méditative de soi-même, c’est une affirmation qu’il vous laisse formuler, faut pas déconner quand même.