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  • Chroniques d'un jeune parent, le mensonge

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    parentalité, noel, mensonge, ordure, kapla, sexualitéLa vie de parents nécessite une qualité trop rarement mise en avant et qui pourtant est au cœur du processus d’apprentissage du petit d’Homme : le mensonge.

     

    En cette période où déjà les petites têtes ont l’esprit tourné vers le pied du sapin de noël, l’occasion ne pouvait être plus belle pour évoquer cette facette pas toujours rose de la relation parents-enfant.

     

    Le mensonge est convoqué pour permettre d’ouvrir au monde et à sa compréhension par degré.

     

    Imaginez un instant que vous expliquiez noël autrement que par l’action d’un vieux barbu défiant toutes les lois de la physique. Vous devriez admettre devant vos enfants que vous exercez un chantage direct : tu auras des cadeaux si tu te tiens à carreau. Puis vous devriez préciser : sache que Noël n’est qu’une fête commerciale permettant de soutenir une croissance qui n’existe pas plus que le Père Noël et qu’elle t’apprend à entrer avec délectation dans la société de consommation jusqu’à ce que tu sois assez grand pour obtenir ton premier Iphone par le biais d’un crédit à la consommation… Vous ne vous regarderiez plus dans la glace…et le bonheur des enfants déchirant le papier enveloppant les cadeaux aurait le gout rance d’une réalité somme toute bien triste.

     

    Le mensonge permet de conserver une certaine naïveté pour ne pas rendre dépressif tout de suite la progéniture. Même si les enfants voient bien que le Père Noël est un salaud qui reproduit les inégalités sociales chaque 25 décembre : Jean-Charles a eu sa Playstation 4 quand le pauvre Kévin devra se contenter de la vieille Séga Méga-drive de son cousin. Heureusement, Jean-Charles et Kévin sont rarement dans la même école pour leur permettre de recouper ces informations. Dans le cas où Jean-Charles et Kévin viendraient à fréquenter les mêmes bancs, les étrennes à la concierge ont été inventées pour permettre à cette dernière de trouver un surplus de pouvoir d’achat à l’approche des fêtes et ainsi entretenir dans la cour d’école l’illusion du Père Noël, mais l’Homme pouvant être avare par nature, le digicode a remplacé madame Sousa, et Pedro-Kevin a disparu des quartiers chics.

     

    Le mensonge est également bien utile aux parents pour éluder les questions difficiles et préserver l’enfant d’explications techniques complexes.

     

    Ainsi de l’origine du monde, dans la version de Gustave Courbet. Papa, comment on fait les bébés, va demander à ta mère, je lui ai déjà demandé, elle m’a dit de venir te voir. Ah ? et bien euh, en fait, l’homme introduit son pénis dans le vagin et en éjaculant libère un spermatozoïde qui féconde une ovule, mais faut des préliminaires d’autant que ta mère, c’est un vrai diésel et papa avec le boulot, la fatigue, il bande mou. Note que ça ne marche pas pendant les règles de ta mère, de toute manière, elle est tellement à fleur de peau, que je ne peux pas l’approcher. Bip. L’enfant ne comprendra rien, vous en voudra, à juste titre, et votre vie sexuelle va devenir un enfer, la question ingénue polluant l’esprit au zénith de l’étreinte. Ça donnera plutôt, en version moderne, qui a su abandonner les choux, les roses et autres cigognes : le papa donne une graine à la maman qui fait pousser le bébé dans son ventre ok, bon, ben retourne dans ta chambre jouer au Kapla. Ça durera le temps que ça durera jusqu’au jour fatidique et de plus en plus précoce, où l’enfant aura compris le sens véritable des termes fellation, pénétration et cinéma classé X. Ce jour-là, le mensonge fera place à la vérité mais le cerveau humain est bien fait : si nous croyons à la sexualité pour nous-mêmes et les autres, la sexualité des parents n’est pas concevable : zone blanche, on oublie et l’on passe à autre chose.

     

    Le mensonge, c’est utile en toutes circonstances. On l’appellera atténuation de la vérité et simplification du monde. C’est d’ailleurs une façon de procéder qui n’est pas propre aux parents et aux enfants : comme monsieur Jourdain sans le savoir, Homo sapiens, au quotidien, simplifie, arrondit les angles, travestit quelque peu la vérité. Ça rend le monde moins pénible, un poil plus vivable. La religion en est la manifestation la plus éloquente, la plus ancienne aussi…

     

    Il a beau être une ordure, on veut tous continuer à croire au père Noël….

     

  • Il était une fois...

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    conte, fées, légendes, storytelling, disney, réalitéLa vie est pareille aux contes de fées et autres légendes. Ne riez pas. C’est la vérité vraie, juré craché, si l’auteur de ces lignes ment qu’il soit transformé en vulgaire citrouille à la seconde même. Et comme il poursuit son récit, cela prouve bien sa théorie, rarement citrouille n’ayant été prise en flagrant délit de tapotage de clavier.

    Revenons à nos blancs moutons et leur bergère, c’est quoi un conte de fées : ce n’est rien d’autre que faire passer des vessies pour des lanternes, des crapauds pour des princes charmants et de petites écervelées blondes à forte poitrine pour le must de la gente féminine avec méga-happy end hollywoodien.

    Bettelheim, dans un ouvrage des années 70, avait montré ce que les contes de fées représente pour la société : une déclinaison des épreuves de la vie par des allégories vieilles comme le monde.

    Ce que La Fontaine avait bien senti  quelques siècles plus tôt en pompant comme un forcené les fables d’Esope. Décrire le monde qu’il connaissait, ses travers, sous le couvert d’innocentes histoires.

     Et derrière le storytelling contemporain, il n’y a pas autre chose que perpétuer les mythes et autres contes de fées, orienter le récit de l’histoire en marche.

     Si le loup ne mange pas les trois petits cochons, ils auront une chance de connaître des lendemains qui ne déchantent pas trop. Mais à condition de ne pas procrastiner et d’utiliser du mortier de qualité (dans la variante maçonnerie et lusitanienne de l’histoire).

    Mais il ne suffit pas de travailler pour réussir, encore faut il bien naître: les vraies bergères n’épousent jamais les princes. C’est une constante, le héros est toujours bien né et c’est par accident qu’il se retrouve avec la plèbe : le vilain petit canard n’est pas que moral, le pas beau qui est en fait un cygne, il s’avère aussi qu’il n’est pas de la basse cour…

    Les contes de fées, c’est donner de l’espoir pour mieux maintenir le statut quo. L’histoire s’arrête toujours sur l’instant de bonheur, de réalisation mais oublie toujours de narrer la vie qui vient après…Affronter un dragon ou une sorcière, passe encore, mais le quotidien, lui ne ratera pas le héros ou l’héroïne…

    Car le crapaud qui se fait passer pour un prince, qui sauve le monde et que l’héroïne épouse n’est qu’une illusion qui ne dure qu’un temps. N’oublions jamais qu’à la fin de chaque histoire nous apprenons qu’ils vécurent heureux et (puis) eurent beaucoup d’enfants, ce qui prouve bien qu’un malheur n’arrive jamais seul et que l’amour n’a qu’un temps. Cendrillon, pour ses 20 ans... on connaît la suite…

    Rien n’a changé de nos jours : vous entendez à longueur de journées de beaux récits. Faites ce que je dis et vous irez au paradis. L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions. Mais toujours le récit s’arrête au bon moment. Avant que la vie ne reprenne le dessus, avant que la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf ne dégonfle…

    La vie est un conte de fées : il vécut heureux et…

  • Intégristes de tous les bords, unis pour le pire... (et jamais pour le meilleur)

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    islam, extrême droite, intégrisme, histoire, bretagne, france, carthage, romeEst-on consubstantiellement un égorgeur d’infidèles parce que musulman, aime t’on obligatoirement tripoter les petits garçons lorsqu’on est un prélat catholique, est-on préservé d’être un con parce que non croyant…

    C’est de ce genre de raccourcis qu’il faut parler pour mieux les combattre. Il n’y a rien de pire que le raccourci. Le raccourci n’explique pas le monde : il le met à la sauce de celui qui utilise ce procédé. C’est bien pratique le raccourci, il peut permettre de dire tout et surtout n’importe quoi…

    De nos jours, il existe un raccourci pareil à un épouvantail que l’on agite comme naguère le juif (mais qui constitue encore une valeur sûre comme Dieudonné, pour ne prendre que son exemple, le prouve), le protestant, l’athée (qui revient en force sur fond de défense et de promotions de l’égalité des droits) pour expliquer tous les malheurs du monde…

    Le musulman est de nos jours l’ennemi déclaré pour une frange extrémiste qui cherche à s’attirer les sympathies d’un électorat en mal d’explications sur la prétendue déliquescence de nos sociétés.

    Si l’intégrisme est à prendre au sérieux et à combattre, il ne faut néanmoins pas mettre tous les musulmans dans le même panier : l’ennemi c’est l’intégrisme, pas l’islam. Comme il y a des intégrismes dans toutes les matières en –isme, il y aurait de quoi mettre une grande majorité dans le grand sac des raccourcis.

    Derrière l’attaque en règle de l’Islam, il y a une peur de perdre son identité et une méconnaissance profonde de ce qu’est l’histoire humaine. Un peu de recul permettrait pourtant de comprendre que la notion d’identité est mouvante et qu’il n’y a rien de plus relatif que les mythes qui présentent l’Histoire sous la forme d’une éternité parfaite. Et apprendre au passage à se concentrer sur ce qui compte : peu importe la religion, peu importe les convictions, c’est la question de la radicalisation qui est à traiter, sous toutes ses formes. C’est elle le mal.

    De fait, les sociétés évoluent, dans le temps et dans l’espace. Depuis les origines. N’en déplaise aux grands théoriciens de la France éternelle (ou de toute portion d’un territoire), si quelque homo sapiens un peu aventurier n’était sorti d’Afrique il y a plusieurs milliers d’années, ce coin de mappemonde ne serait connu ni pour sa tour Eiffel, ni pour ses 365 fromages et pas plus que pour son extrême-droite…

    A vrai dire, les hommes et les idées ont la bougeotte. Ils ne savent pas tenir en place. L’humanité est aventurière et n’a pas attendu Koh Lantah pour le savoir. Ça va, ça vient, dans tous les sens : la migration est consubstantielle de l’humanité, même par petits sauts de puce. Sur une génération ou deux, c’est presque imperceptible, longtemps cela s’est fait par village de proche en proche mais à l’échelle d’un siècle, le changement est là. Le cas de la France est frappant de ce point de vue : Homo Sapiens y a croisé Neandertal et ensemble, ils n’ont pas fait que jouer aux cartes, ce qui rappelle au passage que nous sommes le fruit d’un métissage qui ne date pas d’hier…

    islam, extrême droite, intégrisme, histoire, bretagne, france, carthage, romeFaisons un saut aux périodes celtes et gauloises : déjà, il s’agissait de vagues de migration qui repoussaient les autochtones. Là encore, après s’être fait un peu la guerre, nos ancêtres ont fait l’amour, forcé ou volontaire : l’histoire est une partouze éternelle dont les rejetons sont les vivants présents et à venir… Ensuite vinrent les romains, les soldats de l’empire, il sentait bon le sable chaud le légionnaire… puis les germains, les francs, les arabes, les normands, les migrations d’hier étaient grégaires et guerrières… Même un coin comme la Bretagne n’a pas été épargnée, mieux, sa langue est le produit d’une vague d’immigration venue d’Angleterre au cours du premier millénaire… au gré des périodes de prospérité et de disette, certains sont partis, d’autres sont arrivés, se sont rencontrés, mélangés… L’histoire de la Bretagne est aussi une histoire des évolutions, des brassages et pas seulement de la bière…

    Si les migrations guerrières ont cessé, ou du moins sont devenues plus rare en Europe, c’est parce que les Etats ont commencé à exporter la colonisation au-delà des mers : la colonisation n’est rien de plus que ce qui se faisait avant à une plus grande échelle et d’une manière plus brutale.

    Une constante néanmoins, les hommes et les femmes ont continué à bouger. Et là où ils se sont installés, ils sont tombés amoureux : le grand mélange s’est poursuivi… rappelons au passage que le grand mélange n’est pas qu’amour : le viol est une triste réalité et aucune civilisation n’a été meilleure qu’une autre en la matière…

    Les Amériques, l’Australie, l’Afrique, l’Asie : tous les empires, tous les royaumes ont essaimé aux quatre coins du monde, parfois en adoptant une part des coutumes locales, parfois en imposant les leurs…

    Aujourd’hui, les flux migratoires se poursuivent : ils sont économiques, politiques, fuir la guerre, fuir la misère, tenter l’aventure, suivre une personne dont on a fait la rencontre et comme le candidat au voyage ne part pas complétement seul, les idées suivent les Hommes.

    C’est une longue histoire commune que celle du paganisme, du polythéisme, de la chrétienté, du judaïsme et de l’Islam entre les deux rives de la méditerranée. Pour ces trois dernières religions, c’est même un temps très très court à l’échelle de l’histoire de l’humanité : l’éternité prend un sacré coup de relativisme. Les gaulois avaient leur panthéon, les romains ont apporté le leur, puis le christianisme et le judaïsme ont essaimé dans l’empire, le premier est devenu religion d’Etat, le deuxième a tenté d’exister en menaçant d’être anéanti au gré d’une histoire tragique et mouvementée. L’Europe du sud a été musulmane pendant quelques siècles. L’influence ottomane  s’est concentrée sur les Balkans et l’Europe orientale pendant que la Reconquista s’achevait en Espagne… Le christianisme a connu ses schismes, ses guerres de religion.

    En caricaturant un peu, l’histoire religieuse de l’Europe pourrait être résumée ainsi : une religion du moyen orient, le christianisme a pris la place des dieux romains, puis l’Islam a conquis une partie de l’Europe, avant de refluer et d’être à son tour attaqué avec la colonisation en Afrique du nord et l’affaiblissement de l’Empire Ottoman avant de se diffuser au gré des mouvements de population en s’adaptant au caractère séculier qu’il y a rencontré…notamment depuis la guerre des tranchées où les uns et les autres se sont côtoyés comme rarement dans l’Histoire…

    Pour reprendre l’exemple de la Bretagne, le massif armoricain du haut de ses 500 millions d’années a vu coexister, parfois se succéder des païens, des druides, des polythéistes, des monothéistes, des athées, des apostoliques, des réformés pour les seules deux mille dernières années… Il n’y a rien de plus universel mais aussi rien de plus relatif que le fait religieux. Comme tout phénomène culturel il est une construction humaine et n’est que le reflet d’une pensée à un instant T.

    Certains pensent que le balancier de l’histoire a de nouveau mis Rome et Carthage face à face : l’une et l’autre sont mortes. Il y a plutôt un combat entre le vivre ensemble et l’intégrisme. Et la ligne de partage ne passe pas entre les deux rives de la méditerranée, entre deux communautés religieuses ou des origines ethniques : elle est plutôt en lien avec un rapport à l’Histoire : il y a celle de ceux qui vivent dans une Histoire figée, réinterprétée, en enlevant ce qui ne correspond pas au besoin de la démonstration et il y a celle de ceux qui se tournent vers le présent et l’avenir en sachant bien que le passé est déjà riche d’une histoire humaine mille fois entremêlées…