2014 s’achève et il faut bien lui donner un surnom. Si 69 a été érotique, 2014 a été nostalgique. Et avouons le, ce millésime n’est pas bandant. Dieudonné, Le Pen, Ménard et Zemmour constituent un carré d’as qui résume malheureusement trop bien l’année écoulée. 2014 donc, année où le politiquement correct a été mis au placard et où la parole a été libérée. C’était dans l’air du temps mais quand les manuels d’histoire reviendront sur cette période, ils feront de l’an de grâce 2014 la borne qui a fait basculer le pays dans un épisode de retour vers le futur des années 30. Les étals de noël ne s’y sont pas trompés et ont amplifié le phénomène déjà installé depuis quelques années, celui du c’était mieux avant, quand les maitres avaient des blouses grises et la France des colonies. Dieudonné et son coming out soralien, Zemmour et son pamphlet vichyste, Ménard et ses amours bleu-marine, Le Pen et la rafle électorale, sans mauvais jeu de mot. Après des années de silence, le gros beauf amateur de rouge qui tache, raciste et poujadiste a enfin droit de cité et de dire tout haut ce que l’histoire a appris à ne même plus dire tout bas. Tout ça c’est la faute, au choix, et d’un peu tous selon nos nostalgiques des années germaniques, des femmes, des arabes, des PD, des juifs, des gauchistes, des mous du genou, des noirs, des chinois, des internationalistes, bref de tout le monde entier sauf de soi. Ce qui est assez pratique, renouvelant l’adage, que l’enfer c’est les autres et c’est celui qui dit qui est.
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Comme en 14 ou comme en 34?
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Y a quoi à la téléologie?
Le cerveau humain a des capacités insoupçonnées. Il permet à tout un chacun de donner l’illusion d’être de fins stratèges, des tacticiens hors pairs, toujours assuré d’arriver aux rivages visés. Les circonstances, le hasard, les déviations, tout est oublié et l’histoire se réécrit en ligne droite. Pratique. Nous sommes toujours l’acteur de notre destin, que ce soit en amour, en affaire ou dans d’autres domaines. La réalité est enjolivée, polie, pour faire oublier que dans la descente d’une rivière, si les coups de pagayes sont appréciables, le courant nous emporte d’autant plus qu’il est impétueux.
C’est ainsi depuis la nuit des temps, l’humain est téléologique par nature. Ce n’est pas un gros mot même si ça prête à confusion. L’homme voit des fins partout. Ça le rassure. Autant qu’un bon steak-frites. Ce dernier a pour finalité d’adoucir et de reposer l’homme. Sinon le conquistador n’aurait pas découvert l’Amérique et ses pommes de terre. On aurait l’air con de vouloir se rassurer avec un steak-rutabaga ! La nature est donc bien faite et la téléologie aussi. Après tout, c’est une explication qui en vaut bien une autre.
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Pigeon, pigeon vole
La soif de victoire, le gout de la compétition ou tout simplement la nécessité de tenir les cadences infernales imposées par la société moderne conduit l’Homme à se donner quelque liberté dans le franchissement des limites physiques imposées par la nature. Que ce soit la caféine salvatrice du travailleur, le programme élaboré de dopage du sportif de haut niveau, les amphétamines de l’étudiant en période de révision, le rail de coke de la star avant de monter sur scène, il y a toujours la volonté de tenir la cadence ou se dépasser. Mais Homo Sapiens ne s’arrête pas à améliorer les performances de sa seule espèce : il ouvre au monde animal ce signe de civilisation supérieure au règne animal et même végétal. Pour le règne minéral, avouons-le, les essais ne sont guère concluant, si ce n’est que pierre qui roule n’amasse pas mousse, mais la discipline est trop obscure pour que le commun des mortels s’y intéresse.
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Deux poids, deux mesures c'est le Social Network...
La nouvelle économie, branchée sur le numérique se veut à l’image des start-up de la Silicon Valley : cool, fun, porteuse de valeurs. Apple, Gmail, Facebook et autres Twitter tentent de gommer l’image de carnassier impitoyable par des campagnes qui porteraient presque à croire que le monde est devenu libre depuis l’avènement de ces entreprises aux capitalisations boursières sans pareille. Mais le ver est dans le fruit, la nature revient au galop, et le fondateur de Facebook lui-même l’a déclaré, son entreprise n’est plus cool. Il faut être sérieux pour rassurer les marchés.
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Catalogue 2013/2014 du con
La livraison de cons pour la saison 2013/2014 tient toutes ses promesses ! Le con nouveau est comme le beaujolais, dur au palais, agressif pour l’estomac et il a beaucoup de mal à passer. Pourtant le con y revient ! Cette année le con applaudit des deux mains quand un bijoutier niçois abat de sang-froid et de dos un voleur. Le con ne comprend pas seulement l’exaspération du bijoutier, il trouve normal de tuer quelqu’un et pense que la seule victime de l’affaire est l’honnête commerçant disposant d’un fusil !En cette période d’ouverture de la chasse, pour faire honneur au con, et ne pas être en reste, je tiens à déclarer mon soutien plein et indéfectible au lapin qui a tué un chasseur. Car c’était un lapin, qui, avait un fusil, lui aussi.