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Defense de rire - Page 18

  • La liste des envies de mes reniements...

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    La tête de l’Etat souffre d’une maladie moins rare qu’on ne le pense, la renoncite aigue à virage à droite libérale toute. Elle se développe sur des terrains aux principes idéologiques instables, voire inexistants. Ce trouble qui peut être aggravé quand la renoncite est accompagnée d’une contrarite maligne. Cette dernière maladie fait faire le contraire de ce pourquoi l’on a été élu : ainsi d’abattre le mur de la finance comme programme, on en devient l’ami des banquiers, quand on en nomme pas un au ministère de l’économie.

    Ces deux maladies malheureusement incurables de nos jours pour leurs porteurs, provoquent des troubles de la vision : plutôt que de voir le monde tel qu’il est, il est pensé avec la focale des lobbys.

    Un exemple ? Le logement. La loi Alur. Le logement et la construction qui s’essoufflent depuis 2008. En dépit des cadeaux fiscaux. Ou peut-être à cause des cadeaux fiscaux. L’argent distribué pourrait être utilisé différemment, pour une politique de construction active, avec l’Etat ou les régions comme donneurs d’ordre. Patatras, le lobby de l’immobilier, gavé à l’aide d’Etat indirecte et à la spéculation, a trouvé le coupable de tous les maux du secteur depuis 2008 : la loi ALUR, publiée en mars 2014, dont tous les décrets d’application n’étaient pas encore sortis ces derniers jours… Apparemment, Valls et Hollande partagent l’analyse farfelue et totalement capillotractée des publicitaires de l’immobilier : le gouvernement va ajouter une nouvelle couche de cadeaux fiscaux à celles déjà bien épaisses des détenteurs de patrimoine. Ni Keynes, ni Piketty ne sont les livres de chevet du couple de l’exécutif, pas plus que les rapports sur le déséquilibre du logement que produisent nombre d’associations compétentes en la matière.  La belle pierre plutôt que l’abbé Pierre en somme…

    Le chef de l’Etat se rêve en Tony Blair. La différence, c’est que ce dernier avait annoncé la couleur avant de solliciter le suffrage universel. Que les britanniques fassent le choix d’un néo-libéralisme en toute conscience c’est une chose, qu’Hollande piétine ses promesses et son camp, c’est autre chose d’autrement plus grave. Le peu de confiance qu’il restait en politique au moment de son élection s’évanouit. Les électeurs ne s’attendaient pas à des miracles, ils sont matures. Mais de là à appliquer, à peu de choses près, le programme de Nicolas Sarkozy, il y a une sorte d’irréalité à la situation.

     Le pire, c’est la culpabilisation qu’entretient l’exécutif à l’égard de ses électeurs : vous avez votés pour nous, mais vous ne comprenez rien. La démocratie est malade, attaquée par l’intérieur par ceux qui étaient censés la protéger… La culpabilisation, c’est le chantage : ne me donnez pas la confiance sur ce programme qui est l’antithèse du discours du Bourget, la droite reviendra au pouvoir… En analysant les dérives du pouvoir en place, l’électeur en vient à se demander ce que cela changerait.

    Hollande et Valls proposent la saignée. Chiche, les frondeurs, les partis et les électeurs de gauche doivent proposer la purge. La purge de ce personnel politique tout acquis aux thèses néo-libérales, ayant trahi la confiance du suffrage universel. Comme disait Jean-Paul le deuxième, n’ayez pas peur. Et rappelons un vieux principe de l’histoire politique : le rapport de force….

  • La théorie des deux François (et d’Angela)…

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    Dogme, infaillabilité, pape, crise, inflation, déflation, françois, UEDogme : nom donné à une croyance pour esprits étriqués…

    Longtemps apanage du fait religieux, du fait de l’exclusivité décrétée par les vicaires de Dieu sur les explications relatives aux origines du monde et de ce qui en dérive, donc tout, par voie de conséquence. Ce concept s’est largement laïcisé en empruntant ses mécanismes et caractéristiques à une recette qui a fait ses preuves depuis la nuit des temps. La filiation est même frappante jusque dans les modalités de la présentation des choses. Ainsi de la réponse à la crise économique et à celle de la dette de la part des dirigeants européens.

    Le dogme est au final assez simple et repose sur une saignée salutaire. Dans le dogme, la rédemption ne peut se faire que dans la douleur, il faut expier et le sentir passer. C’est ce que nous sommes en train de vivre, ou plutôt c’est ce dont nos économies sont en train de crever. L’austérité est une des facettes du dogme. Elle part pourtant d’un bon principe ou du moins d’une tentative d’explication plausible : arrêter de payer des intérêts aux banques et aux rentiers. Et pour ce faire, dépenser moins que ce que l’on gagne ou à minima pas plus que ce que l’on possède. Gestion rationnelle pour ne plus dire en bon père de famille, formule désormais écartée du code civil, ce qui n’est pas trop tôt, mais qui n’est pas le cœur de notre propos aujourd’hui.

    L’Europe se saigne… si ça a marché pour les allemands, il n’y a pas de raison que ça ne puisse pas marcher chez les autres se répètent les apprentis sorciers…oubliant au passage, un contexte différent, une paupérisation et une précarisation accrues outre-rhin, et une Allemagne qui a profité des marchés des autres. Autrement dit, entre François Hollande et le pape François, il n’y a finalement que peu de différence : les deux croient à la vierge Marie, même si l’auteur de ces lignes a un doute pour le second…

    Dogme, infaillabilité, pape, crise, inflation, déflation, françois, UEL’austérité est la nouvelle planche de salut, la vertu capitale qui nous sauvera tous de l’enfer.

    Mais comme dans la bombe atomique de Boris Vian, il y a un truc qui cloche… Les résultats des politiques menées ne sont pas ceux attendus… la croissance est homéopathique, la consommation est en berne, la récession menace, et la déflation guette. Ce qu’une partie de l’opinion avait prédit. Mais la pensée unique l’avait répétée sur tous les tons : ces gens ne savent pas ce qu’ils disent, ils vivent avec les oripeaux du passé et notamment ceux de Marx et de Keynes, alors que Thatcher/Schröder/Merkel, ça c’est contemporain.

    Devant l’ampleur des dégâts, sociaux notamment, on pourrait s’attendre à une adaptation des politiques économiques, à défaut d’un acte de contrition publique sur le mode du mea culpa…

    C’est pourtant l’application dans toute sa splendeur de la philosophie des Shadocks qui s’offre à nos yeux. Ce n’est pas parce que ça ne fonctionne pas aujourd’hui que ça ne pourrait pas fonctionner demain… alors continuons, jusqu’à ce que marche… ou pas. Bref, un dogme. Ni plus ni moins.

    Le dogme, c’est ce concept pour esprit étriqué qui ne sait pas reconnaitre une erreur. L’erreur est humaine mais comme le précisait Saint Augustin, c’est persévérer dans l’erreur qui est diabolique… Les pères de l’Eglise étaient subtils, comme les pères de l’économie. Ils n’étaient pas dans le dogme, ils analysaient les circonstances et adaptaient les règles à leurs besoins. Les premiers conciles ne sont rien d’autre que le résultat d’un rapport de force politique au sein de l’Eglise en construction. Comme les premiers économistes, qui ne faisaient rien d’autres que de l’idéologie. Leurs disciples, en revanche, se recrutent plutôt du côté des ânes, prenant pour argent comptant tout ce qu’on leur raconte. Prendre une théorie économique comme vérité d’évangiles, ça conduit presque toujours au désastre.

    Mais pourquoi une telle incapacité à évoluer ? Très bonne question, posée au bon moment, pour permettre de relancer la chronique à propos… Je me remercie et cela confirme que l’on est jamais mieux servi que par soi-même parce que si nous attendions les explications des principaux intéressés, nous risquerions de trouver le temps long, voire sans fin…

    Se dédire, c’est avouer que nous pouvons avoir tort et que nous ne sommes pas infaillibles. Les yeux dans les yeux, certains préfèrent continuer à entretenir un énorme mensonge qu’assumer une vérité qui n’est pas favorable. C’est, pense-t-on, à tort, déboulonner l’autorité du piédestal sur lequel elle est savamment fixée…

    Et puis pour se dédire, encore faut-il comprendre ce qui se passe : le vivre ou se mettre à la place de celui qui le vit. L’économie est au point mort, un scénario déflationniste menace. Mais quand votre position n’est pas menacée à court terme, pas plus que celles de vos proches, les pots cassés ne sont que l’écho imperceptible d’un murmure. Les statistiques ne font pas pleurer.

    Il y a même quelques gagnants à la crise… qui le font savoir en toute discrétion…

    Et d’ailleurs, sur le long terme, il se peut même qu’un jour la crise s’envole et que la croissance revienne. Ce jour-là, nous pourrons entendre à coup sûr : vous voyez, on vous l’avait bien dit. La société sera mal en point, les laissés pour compte innombrables, mais oui, le PIB se remettra peut être à bander, une dernière fois, pour l’honneur… Autrement dit, le malade sera mort guéri…

    Pour le malheur de l’humanité, les dogmatiques meurent pour leur part plus souvent au fond de leur lit que dans des circonstances tragiques… L’Histoire les juge parfois, mais ça fait une belle jambe à tous ceux qui ont été les victimes du dogme. L’Histoire jugera surement les dirigeants européens actuels en montrant l’étroitesse de leurs pensées, l’irresponsabilité dont ils font usage, la bêtise dans laquelle ils se complaisent.

    Mais comme le dogme de l’infaillibilité du pape, il est toujours possible de montrer la supercherie qui prévaut dans les décisions des grands de ce monde.

    N’attendons pas qu’ils nous aient tous entrainés dans les abysses de leur ignorance…

    Brisons encore et toujours les dogmes…

  • Le génie s'en est allé...

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    Robin williams, génie, roi pêcheur, keatingAujourd’hui, nombreux sont les gens de ma génération qui se retrouvent orphelins. Le professeur Keating n’est plus. Adolescents, nous avons subi l’influence positive du personnage de Robin Williams. La vie est une succession de rencontres plus ou moins heureuses et le cercle des poètes disparus a eu une influence décisive dans la construction des futurs adultes que nous étions.

    Le film est dramatique, la fin est d’une noirceur terrible, mais le message est passé : ne pas regarder le monde tel que l’on veut nous le faire voir, mais chercher la vérité du beau, en l’explorant. Subversif assurément dans une société où la standardisation est le contrepoids bien utile pour les dominants à garantir l’illusion de la démocratie. Vous avez la liberté de penser mais il n’y a qu’une voie possible… cette dernière forme de pensée à l’œuvre, la crise économique le montre bien assez depuis 2008…

    Robin Williams, c’est cet acteur qui, à jamais, pour toute une génération, est cette étincelle de vie, de rébellion positive, qui nous ouvre les yeux sur le monde pour y mettre la distance critique nécessaire pour d’autant mieux l’embrasser. Depuis ce jour, j’ai toujours essayé, autant que faire se peut, au sens figuré le plus souvent, de monter sur une table, une chaise, bref d’un promontoire et même de plusieurs, pour apprécier une situation d’un autre point de vue que celui de mon nombril. C’est précieux dans une vie d’Homme que d’avoir la chance de disposer d’une telle technique. Ça encourage l’empathie, le respect de l’autre et l’absence de vision binaire de la société.

    Robin Williams, c’est une filmographie impressionnante, entre cinéma et films d’animation, entre comédies et rôles dramatiques. C’est d’ailleurs dans ces derniers qu’il donnait la pleine mesure de son talent : le clown n’avait pas à porter le masque de la fausse bonhommie. Le Roi pêcheur est un chef d’œuvre, où le duo Bridges/Williams donne sa pleine mesure devant la caméra de Terry Gilliam. Il apparaitra d’ailleurs souvent dans les films de ce dernier en guest star, dernièrement en pasteur/gourou vantant les mérites de l’Eglise de Batman dans le monde futuriste de The Zero Theorem.

    Si Robin Williams était un comique hors norme doublé d’un improvisateur de génie, comme tous les clowns, il sur jouait pour masquer des blessures profondes. Bipolaire, il souffrait de cette succession de phases maniaques et dépressives. Le succès ne prémunit pas de la maladie, mais le génie a souvent beaucoup à voir avec cette dernière. Elle permet toutes les audaces bien qu’elle précipite les destins.

    Hier, Robin Williams, sans son masque, le regard plongé dans les abysses, a dit non. Il ne pourrait pas remonter une nouvelle fois. Les montagnes russes, c’est éreintant, épuisant…tuant. Aussi, il s’en est allé. Le génie est retourné pour l’éternité dans sa lampe. Pas d’éveil. Peter Pan pour toujours au pays imaginaire.

    « Je partis dans les bois car je voulais vivre sans me hâter, vivre intensément et sucer toute la moelle secrète de la vie. Je voulais chasser tout ce qui dénaturait la vie, pour ne pas, au soir de la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu

    Ces paroles sont gravées dans l’esprit de toute une génération et d’autres à venir encore. Merci pour la belle vie que vous nous avez fait partager Robin Williams. Le sourire que vous avez souvent permis de réaliser. Merci et bon vent, O Capitaine, mon capitaine !

  • Le prix du sang...

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    commemoration, 14/18, sang, haineLes commémorations sur le centenaire des débuts de la Grande guerre se succèdent à un rythme effréné, tentative désespérée de faire revivre ces instants pour essayer de comprendre ce que nous n’arrivons pas à saisir : Comment a-t-on pu décemment entrer dans un tel engrenage mortifère semble questionner chacun des reportages…

    Au fond, nous nous pensons bien plus malins que nos aïeux : nous ne tomberions pas dans le panneau comme ils ont pu le faire si bêtement…

    Commémorer, ce n’est pas que se souvenir,  c’est aussi mettre à distance. Nous ne vivrons plus cela et bien heureusement se répète-t-on.

    Comme si la guerre, l’horreur, la mort pouvaient être renvoyées dans le passé pour les conjurer.

    Pourtant, elles nous entourent : Gaza, la Syrie, l’Ukraine, aujourd’hui, le Rwanda, la Bosnie, et déjà, encore devrait on dire, la Palestine hier,  la liste est sans fin des conflits qui parsèment le monde.

    De la paix à la guerre il y a autant que du capitole à la roche tarpéienne et le vernis saute facilement qui fait passer l’Homme d’un état policé à un autre où la violence devient la norme.

    Parce que l’étincelle de la haine n’est jamais très loin et que le narcissisme des petites différences prend le dessus plus vite qu’on ne le souhaite et ne le croit.

    Il n’en faut pas beaucoup, si la garde est baissée, pour manipuler les uns et les autres et faire accroire que le méchant, le pas gentil, la brute, le pas comme nous, c’est l’autre.

    Par paresse de l’esprit, par facilité de pensée, la mayonnaise peut prendre très vite : la cause de tous nos malheurs résident essentiellement dans la victime expiatoire que l’opinion, cette salope informe créé de toute pièce par quelque tireur de ficelle bien planqué, va désigner à la vindicte populaire, pour mieux détourner l’attention.  C’est utile de détourner l’attention… C’est vieux comme le monde de détourner l’attention… ça s’utilise encore de nos jours et il y a fort à parier que dans le manuel du parfait manipulateur, ce chapitre tienne bonne place.

    L’ennemi peut être intérieur, extérieur, extérieur en agissant de l’intérieur, intérieur en agissant de l’extérieur (mais c’est déjà plus rare).

    Tour à tour le rosbif, le juif, l’athée, le boche, l’africain, le musulman, le chrétien, le rom, le manouche, le vieux, le jeune, bref, les catégories construites, endossent le costume que leur font porter ceux qui sont en mal d’explications de leurs propres limites et faiblesses.

    Une constante, il faut que l’ennemi menace, même s’il est invisible. Ce qui est encore mieux, pour laisser place à la caricature. Manquerait plus que l’ennemi réponde et puisse convaincre qu’il n’est pas ce qu’il est.

    Devant la photo de l’ennemi désigné, c’est pavlovien, le rictus de dégoût précède la montée de salive qui se termine par un crachat bien ajusté…

    L’ennemi c’est l’autre. Il est un être vil mais pire, il est lui-même persuadé que l’ennemi c’est nous…

    De fil en aiguille, l’odeur du sang vient taquiner les narines du quidam jusqu’à ce que le premier mort soit comptabilisé. Celui dont on retient le nom. Les autres deviennent une triste statistique. Le nom de la dernière victime entre également dans l’histoire. Il y a des postérités bizarres.

    L’odeur du sang est toujours accompagnée d’une odeur de merde. La mort pue, c’est ainsi… Comme la naissance. De vie à trépas, c’est la recherche du camouflage des odeurs.

    Pourtant l’être humain a une capacité de changement et d’adaptation qui laisse pantois. Comme les poilus des premiers jours, il a le palais délicat et la narine fragile. Il a des hauts le cœur, il tourne de l’œil, il vomit… Puis il s’habitue. Il n’aime pas, certes, mais il découvre que son seuil de tolérance n’est pas fixe…

    Dans une société aseptisée, où l’idée de mort n’est abordée que par la fiction au cinéma, dans la littérature et les jeux vidéo, pour moins l’incarner, la mettre à distance, la condition ordinaire de l’humanité est parfois oubliée. Telle qu’elle est vendue aujourd’hui, la guerre est chirurgicale, propre.

    La réalité est plus crue. Elle n’est pas une image en noir et blanc ou un film colorisé.

    C’est peut être ce qu’il faut retenir de la guerre 14-18, qui nous semble si lointaine : la fragilité de la paix, la fragilité de la vie. Hier voisins, aujourd’hui ennemis, à la vie, à la mort.

    Sous couvert de réconciliation, la responsabilité des élites de cette époque est éludée. C’est la faute à pas de chance. L’engrenage. La force supérieure…

    Pas tout à fait, il y a l’irresponsabilité de quelques uns qui disposent de la vie des autres sans avoir à entrer dans l’arène. Ils n’ont pas disparu. Il faut le rappeler et les pointer du doigt. Que cela serve de leçon aux générations présentes et futures. Pour les démasquer assez tôt.

    Le vivre ensemble est une construction de tous les instants. La valeur d’une vie humaine est incommensurable. S’il est un combat qui est noble, une guerre utile, c’est celui de la construction de la paix et de la préservation de la vie. Le prix du sang est trop élevé pour oublier que nous ne sommes ni meilleurs ni pires que le voisin. En fait, on se ressemble étrangement… Ne l’oublions jamais quand l’envie d’insulter l’autre nous prend : les bains de sang commencent toujours dans le détail et les petits mots… Demandez à des palestiniens, à des israéliens, des ukrainiens, des russes : le prix du sang est insidieux…

  • N'est pas Jaurès qui veut...

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    jaures, centenaire, socialisme, gaucheHollande est à Jaurès ce que Sarkozy est à de Gaulle : un violeur de mémoire. Se réclamer des grands hommes est facile, se montrer à leur hauteur n’est en revanche pas à la portée du premier venu.

    A l’heure où l’actuel locataire de l’Élysée réalise ce que les libéraux n’ont jamais osé rêver, défendant presque toujours le plus fort de l’instant et de plus en plus rarement celui qui a besoin de sa protection, tuant le parti socialiste et la gauche de gouvernement pour les années qui viennent, se draper dans le souvenir d’un homme qui était son extrême opposé sur bien des points a quelque chose d’indécent.

     Tout le monde se revendique du fondateur de l’Humanité au point que la perception que l’on peut avoir du personnage devient confuse, pour ne pas dire floue… Jaurès est caricaturé à l’extrême et ces dernières n’hésitent pas piller son héritage.

     Chacun reprend sa petite phrase du grand homme. En revanche, rares sont ceux qui ont lu la complexité et la richesse d’une œuvre inclassable. Ses réflexions n’étaient pas réductibles à la manie des 140 caractères qui symbolise notre société et le discours politique d’aujourd’hui. Lui portait un projet de société, un idéal, une idée, fruit d’une réflexion toujours active, rectifiant par ci, approfondissant par là.

     Des erreurs, il en a commises. C’est humain. Jaurès en était un. Pas ce démiurge que la légende a construit. Mais il avait une qualité rare en politique, au-delà de son talent d’orateur, c’était de savoir le reconnaître. Loin d’être un dogmatique, il savait écouter et entendre. Tout en restant fidèle à quelques principes.

     

    Son fil conducteur, c’était la foi en l’amélioration de la condition des hommes et des femmes, dans un idéal d’égalité et de fraternité.

     Historien dans l’âme, il connaissait les effets des temps longs. L’action politique pour lui c’était autant les grandes batailles que les petites victoires. Il savait reculer pour mieux sauter, arracher la petite victoire pour mieux préparer la prochaine. Homme de compromis certes, mais tout autant homme d’opposition quand le compromis conduit à la perte.

     Souvent à contre-courant de son propre camp, il n’a que très rarement hésité à prendre des risques, il a donné de sa personne. Il a mouillé sa chemise comme on dit… Soutien de l’entrée de Millerand au gouvernement de Waldeck-Rousseau, Loi de 1905, opposition à la loi des 3 ans, facilitateur de l’union des socialistes en acceptant de se mettre en minorité, pacifiste au milieu des va t’en guerre…

     Engagé il l’était, au côté des plus faibles. Pas pour une photo ni un article. Non, au quotidien. Simplement. Sans lumière.

     Stakhanoviste de l’écriture, il fixait ses réflexions dans un style grandiloquent, parfois trop d’ailleurs, voyant des nuées partout, des orages dans tous les coins.

     Son dernier combat, celui de la paix, il l’a perdu. Mais il l’a fait entrer dans l’Histoire. La mort abrupte donne à la postérité la pureté de l’engagement.

     Quatre jours après son assassinat, sur sa tombe, son camp décrétait l’union nationale. Le patriote n’aura pas eu à être tiraillé avec l’internationaliste.

     Ce qu’il reste de Jaurès, c’est à la fois une conduite et une pensée. Il faut la prendre dans sa globalité mais aussi savoir faire son propre chemin.

     Jaurès est mort il y a cent ans. Son monde aussi. Ses combats se poursuivent. Pour être à sa hauteur, il ne faut pas chercher à endosser son costume. Il faut plutôt reprendre le flambeau de ses combats et retrouver la foi qui l’animait pour agir, encore et toujours. Jusqu’à chasser la nuée des injustices qui peuplent le ciel de l’humanité.