"On ne fait pas au fascisme sa part. On ne lutte pas contre le fascisme en lui dérobant ses propres armes. On ne se débarasse pas du fascisme par l'imitation, la substitution, la surenchère." Léon Blum, le 3 Aout 1933 in Le Populaire.
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On ne fait pas sa part au fascisme
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Impression totalement subjective d’un séjour de deux jours et demi à Prague (deuxième partie)
Prague, c’est aussi le Josefov, du nom de l’empereur Joseph II. Ce quartier correspond à l’ancien Ghetto, fermé au XIX° siècle, entre insalubrité et émancipation des juifs au sein de l’empire d’Autriche-Hongrie. Il reste de l’ancien Ghetto le tracé des rues, la démolition/reconstruction a été globalement effectuée dans les limites de l’ancien cadastre, le vieux cimetière juif et quelques synagogues, préservés des outrages du temps et de la folie des hommes. A la différence de Venise, où les limites du Ghetto sont matérialisées à la fois par les canaux et la hauteur plus importante des immeubles (pour cause de sur occupation d’une faible surface à optimiser) par rapport au reste de la ville, ici seule la présence des édifices religieux nous rappelle que la communauté juive de Prague a été importante et très bien implantée, avant que l’horreur nazie ne s’abatte sur la Tchécoslovaquie.
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Impression totalement subjective d’un séjour de deux jours et demi à Prague (première partie)
Visiter une ville, ce n’est jamais la connaître réellement, la sentir au temps présent. Il y a la ville que l’on parcourt et celle qui vit au quotidien. A Prague, ce fossé se ressent plus fortement qu’ailleurs, et notamment dans le vieux centre, le Praha 1 administratif, partagé entre les deux rives de la Vltava, qui concentre 95 % des sites touristiques de la capitale Tchèque.
Indéniablement, vous en prenez plein les yeux, le beau et l’histoire sont à tous les coins de rues. Mais il y a quelque chose qui cloche. La vieille ville a des airs de ville musée, vision renforcée par les boutiques de souvenirs qui envahissent littéralement les pas de porte et par l’aspect tour de Babel des rues praguoises, on y parle toutes les langues, mais on y entend rarement du tchèque. C’est Rome pour la beauté bariolée et Montmartre pour l’usine à touristes.
En se rendant à Prague, on imagine entrer dans la culture Slave, on se rend compte qu’on est au cœur de la Mittel Europa, cette aire d’influence germanique, cœur des deux conflits mondiaux qui ont dévasté le vieux continent. Si la langue est slave et les tchèques souvent blonds aux yeux bleus à la manière russe ou polonaise, la culture est hybride, avec un fond germanique mâtiné de protestantisme et de catholicisme romain indéniable. L’appartenance à l’Autriche-Hongrie a laissé des traces, Prague, la ville impériale en a conservé de beaux restes et ce qui fait la fierté de cette ville tient pour une grande partie a un passé totalement révolu.
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conte des temps modernes : Place Henri Barbusse
Chaque jour ouvré, après avoir garé sa voiture rue de la République, Pierre emprunte la place Henri Barbusse pour se rendre à son bureau. Chaque jour, un individu, à l’apparence débraillé, à la barbe sale et se faisant prénommé Eric l’apostrophe pour lui demander une pièce, un sandwich, un ticket restaurant, non sans l’avoir préalablement salué et souhaité une bonne journée. Chaque jour, Pierre détourne la tête et accélère le pas, murmurant qu’il a autre chose à faire, que lui se lève le matin pour travailler et se rendre utile à la société…
Un jour, une ambulance enlève le prénommé Eric, pour le mener quasi directement au carré des indigents du cimetière de la ville. Pierre s’en aperçoit si peu qu’il continue, par un réflexe pavlovien, à détourner la tête, à accélérer le pas et à marmonner entre ses dents à l’endroit exact où le défunt SDF avait l’habitude de se tenir.
Un autre jour, Pierre, par ce que certains appellent un malheureux concours de circonstances, apprend dans la même journée, son licenciement et son divorce. Il vivote quelque temps dans un studio que son allocation chômage lui permet de prendre en charge, mais sonné par la situation, il n’arrive pas à remonter la pente : il n’a pas la force de chercher un nouveau travail, ne fait pratiquement rien de ses journées, passant seulement place Henri Barbusse pour jeter un coup d’œil à la fenêtre de son ancien bureau, occupé à présent par un quidam qu’il n’arrive pas à distinguer au travers des vitres opaques.
Après quelques mois et la fin de ses droits, Pierre commence à ne plus payer son loyer, pas plus qu’il ne peut verser la pension que la justice a mis à sa charge pour l’éducation de ses enfants. Ce qui devait arriver arrive, Pierre fait connaissance avec cette corporation souvent méprisée des huissiers de justice dont l’un des représentants l’expulse sans ménagement de son logement.
Pierre découvre la rue. Elle devient pour ainsi dire son unique horizon, et chemin faisant, Pierre va de découverte en découverte. Ainsi, avec un RSA, on ne va pas bien loin constate t’il presque instantanément. Pour se loger, se nourrir décemment, et pour peu que l’alcool entre dans un quotidien bien sombre pour oublier quelque peu son sort dans des brumes éthyliques, on ne joint que très occasionnellement les deux bouts.
Pris de court, Pierre s’installe sur la place Henri Barbusse. A peu de choses près au même endroit que le prénommé Eric, dont personne ne se souvient au demeurant. Pierre lui ressemble étrangement désormais… Eric, Pierre, en guenille, le prénom s’efface, seul le surnom compte : il est devenu le clodo de la place Henri Barbusse…
Chaque jour ouvré, après avoir garé sa voiture dans la rue de la République, Christine emprunte la place Henri Barbusse pour se rendre à son bureau. Chaque jour, un individu à l’apparence débraillé, à la barbe sale et se faisant prénommé Pierre l’apostrophe pour lui demander une pièce, un sandwich, un ticket restaurant, non sans l’avoir préalablement salué et souhaité une bonne journée. Christine répond toujours par un sourire, parfois par une pièce, plus rarement par un ticket restaurant.
Un jour, elle s’arrête net. Pierre est mal en point. Elle appelle une ambulance, qui conduit l’homme se refaire une santé à l’hôpital. Elle entreprend quelques démarches, elle contacte quelques personnes, elle passe voir comment se rétablit celui qu’elle refuse de prénommer le clodo de la place Henri Barbusse.
Chaque jour ouvré, après avoir garé sa voiture dans la rue de la République, Christine emprunte la place Henri Barbusse pour se rendre à son bureau. Parfois, elle croise Pierre, qui se rend lui-même à son travail : il est magasinier, et un peu aide-comptable à l’occasion, dans une supérette du centre-ville. Le samedi, quand il ne voit pas ses enfants, il va au cimetière municipal déposer une fleur au carré des indigents. Et quand un individu qui se fait prénommer Victor, Salim ou bien Michel s’installe place Henri Barbusse pour demander une pièce, un sandwich ou encore un ticket restaurant, Pierre entreprend quelques démarches, contacte quelques personnes…
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Etude très sérieuse des comportements humains primaires en milieu fermé ou comment j’ai survécu à une soirée en boîte de nuit !
Une fois lancée dans le bain de la vie familiale et professionnelle, les occasions sont rares de se rappeler ses années de folle jeunesse délurée composée de fêtes jusqu’au petit matin, d’insouciance, et de youkaidi, youkaida ! Alors quand l’occasion en est donnée et qu’en plus cela vous mène tout droit en boîte de nuit, ça ne se refuse pas.Mais depuis, vous avez muri et vous ne pouvez pas vous empêcher de vouloir passer la chose au microscope, d’en faire en quelque sorte une étude anthropologique du phénomène. Parce que finalement, des souvenirs de boîte de nuit vous en avez peu. A l’époque la fumée de cigarette envahissait le dance-floor et l’alcool coulait à flot dans vos veines : on se rappelle toujours du mal de crane mais rarement du reste.
Donc voilà votre chroniqueur, dans l’intérêt de la science, tient-il à préciser, accompagné de sbires tout autant enthousiastes et motivés que lui, parti faire le pied de grue, à deux heures du matin, pour entrer dans le saint des saints de la nuit d’une ville de province. Premier constat : pas de peur au ventre d’être refoulé. Le sudiste d’origine a appris à s’habiller depuis qu’il a quitté les rives de la méditerranée, question de goût et de pouvoir d’achat et pas seulement tare culturelle du tryptique maillot short et tong de l’OM. Et les traits de la maturité l’indiquent clairement, il est majeur et vacciné, depuis quelques années même… D’ailleurs ça frappe aux yeux. Il fait partie de la catégorie des vieux au regard de l’immense majorité des yeux juvéniles qui le fixent avec dédain pour les plus sympas, avec un sourire condescendant pour quelques autres. C’est cruel quand on a à peine l’âge du Christ mais c’est ainsi. Mais… mais le vieux, il est rentré lui, avec un bonsoir empreint de respect du videur, pendant que la bande de petits cons boutonneux qui le précédait restait coi devant la sanction qui était tombé quelques secondes auparavant : Non, ça va pas le faire, bonne nuit les petits…