Il y a dans la politique de l’exécutif quelque chose d’hypnotique. Cet en même temps troublant, qui souffle le chaud et surtout le froid, qui se fait tour à tour moralisateur, je men foutiste, père fouettard, paternaliste, produit un syndrome de Stockholm sur un pays entier, pris en otage par un mouvement qui a gagné sur un malentendu (faire barrage au front national) tout en se laissant avoir par une communication bien huilée, avec une parole présidentielle décrédibilisée mais qui est attendue avec impatience.
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Contre la pandémie de la connerie, vacciner la démocratie.
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Contrat de confiance
Tant va la cruche à l’eau qu’elle finit par croire au complot, même si la connerie explique bien plus surement la réalité qu’une grande théorie de manipulés.
Mais si la théorie du complot prospère, si la rumeur se répand comme une trainée de poudre, ce n’est pas seulement une histoire de puissance des réseaux sociaux propre à la diffusion de l’idée d’une grande conspiration.
L’infantilisation et la culpabilisation du peuple par les gouvernants conduisent à faire de mauvais montages vidéos des vérités possibles. En refusant un débat serein et réel, au-delà des plateaux de chaine TV d’info et d’un obscur conseil de défense, sur la gestion de la pandémie, tout en laissant ce qui n’est pas qu’une impression de navigation à vue, l’exécutif ne fait que renforcer un sentiment de sédition des élites contre le reste de la société.
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Le brexit selon Jonathan Coe
Et si le Brexit n’était que le dernier acte de la déliquescence d’un empire anglais moribond depuis des décennies… Et si le Leave, une fois déclenchée par mauvais calcul politique ne pouvait être qu’inéluctable parce qu’il est l’expression d’un mouvement de fond ?
C’est ce que Jonathan Coe tente de nous démontrer dans son dernier roman, Dans le coeur de l’Angleterre (Middle England), plongeant le lecteur dans une description d’un Royaume (dés)Uni qui n’existe plus et d’une Angleterre à la limite de l’explosion entre ses composantes et ses individus.
A la lecture de ce roman passionnant, nos idées sont largement bousculées et il y a matière à se pencher sur nos propres situations nationales.
C’est aussi les retrouvailles avec des personnages de deux précédents romans ceux du tter’s Club et The Closed Circle, que l’on voit évoluer depuis les années 70 jusqu’à aujourd’hui, tryptique magistrale sur l'évolution de la société anglaise et plus largement mondiale de la société contemporaine. Des illusions de la jeunesse au brexit en passant par le long déclin britannique, sans oublier les dégâts du Thatchérisme et le mirage non moins destructeur du blairisme, on découvre qu’il y a quelque chose de pourri au royaume d’Elisabeth.
Mais autant qu’une chronique anglaise, c’est une chronique du monde qui est tenu, quand la fiction permet d’appuyer sur une réalité qui fait mal, dans un portrait sans concessions.
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Pour un effondrement joyeux...
“After one look at this planet any visitors from outer space would say : I want to see the manager” William S. Burroughs (1993). “The Adding Machine: Selected Essays”, p.125, Arcade Publishing
C’est un fait, toute une littérature de l’effondrement est apparue ces dernières années. La collapsologie est en vogue et à la différence de notre civilisation, n’est pas près de s’effondrer. C’est pourtant une littérature ancienne, même si désormais elle est étayée scientifiquement et qu’Armageddon n’est plus une force immanente, mais bien l’Homme lui-même. Noé est d’une certaine manière le premier des collapsologues ou collapsonautes mythiques, lui qui devant le caractère inévitable du déluge s’est préparé à pouvoir passer entre les gouttes si l’on peut dire.
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L’odyssée des sans-nom et des sans-visage
Chronique publiée sur https://dmpvd.wordpress.com/2019/07/24/lodyssee-des-sans-nom-et-des-sans-visage/
Des milliers de morts, c’est une statistique, une victime, c’est une catastrophe. L’adage se vérifie fréquemment, et pour la compréhension d’une tragédie, il faut souvent partir d’une trajectoire individuelle. C’est toujours par la petite histoire que la grande histoire se comprend et s’écrit.
La crise des réfugiés, pour ce qui relève de la partie syrienne – mais la mécanique est presque identique sur tous les points du globe –, est une catastrophe que l’opinion n’arrive pas à saisir complètement : c’est un écho lointain, chiffres à l’appui, en fin de journal télévisé, ce ne sont plus des femmes et des hommes, mais seulement une catégorie gazeuse, les migrants, que certains imaginent comme une horde venant faire le siège de leur pays.