Depuis ses premiers pas sur la terre, Homo Sapiens a fait du chemin. Si à l’échelle de la vie sur terre, il représente moins qu’un battement de cil dans une journée, il a su littéralement marquer de son empreinte la planète qui l’a vu naître. Son pouce opposable et ses compétences en matière de communication et d’abstraction ont fait des miracles, lui permettant d’inventer, dans le désordre, la stratégie militaire, l’extinction des autres hominidés, la suppression de la mégafaune, le tout à l’égout, le moteur à explosion, la pâte à tartiner à la noisette et les conflits religieux. Sa dernière œuvre de destruction massive, le réchauffement climatique, ferait pâlir de jalousie les dieux si ces derniers avaient un jour existé. Mais rendons à Sapiens ce qui lui appartient tout autant, il a inventé la médecine moderne, la retraite par répartition, l’abolition de l’esclavage et de la peine de mort… Le bilan est ainsi mitigé, comme le dirait le commentateur sportif, il est capable du meilleur comme du pire. Mais nécessairement il faut assumer ce bilan, pour permettre de prendre conscience de ce qui se déroule sous nos yeux.
Avec une certaine dose de mauvaise foi, le seul représentant de l’espèce des hominidés encore vivant sur ses deux pattes postérieures est également capable de porter l’espérance à des niveaux qui lui permettent de faire l’impasse sur les luttes présentes : l’espoir fait vivre dit-on mais il permet aussi d’éluder les problèmes. Ou mieux encore, s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. Il fallait y penser.
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